True Grit est le deuxième remake réalisé par les frères Coen après Ladykillers qui ne figure d’ailleurs pas parmi leurs meilleurs films.
Remake de 100 dollars pour un shérif avec John Wayne et adaptation d’un roman très populaire aux Etats Unis, True Grit suit le parcours de Mattie Ross, une jeune fille entêtée de quatorze ans qui s’est mise en tête de retrouver elle-même l’assassin de son père devant le peu d’empressement des autorités à poursuivre le tueur. Pour cela, elle s’adjoint les services de Rooster Cogburn, un Marshal bourru et alcoolique, et de LaBoeuf, un Texas Ranger imbu de sa personne. Cette poursuite les mènera en territoire indien sur les traces d’une bande de dangereux hors la loi.
Pour leur première incursion dans l’univers ultra codifié du western, les frères Coen signe un coup de maitre. True Grit est surement l’un de leur film les plus abouti tout en demeurant l’un des meilleurs westerns de ces dernières années.
Comme dans tous leurs films, les frères privilégient les ruptures de ton et alternent des moments comiques (la pendaison de l’indien, la grand-mère avec laquelle Mattie partage son lit), tragiques (le poignant sauvetage de Mattie par Rooster) et des flambées de violence aussi brèves que percutantes (le massacre dans la cabane).
Si l’on devait rapprocher True Grit d’un modèle, ce serait sans nul doute Josey Wales hors la loi réalisé et interprété par Clint Eastwood. Les deux films ont plusieurs points communs, à commencer par une galerie de personnages décalés qui semblent surgir de nulle part sur le chemin des principaux protagonistes. L’indien de Josey Wales a ainsi son pendant dans True Grit en la personne d’un guérisseur vêtu d’une peau d’ours.
D’autre part, lors de l’affrontement final, les deux films mettent en scène le héros (Josey Wales / Rooster Cogburn) confronté à plusieurs adversaires à cheval. Dans une scène statique pour Josey Wales, en mouvement pour True Grit quand Rooster Cogburn lance sa monture au galop contre quatre hommes armés. Cette scène est d’ailleurs filmée au début de la même façon que la poursuite finale entre Josey Wales et le capitaine de cavalerie assassin. Nous observons la course en plongée depuis une hauteur vertigineuse (une falaise pour True Grit, le ciel pour Josey Wales), les hommes et les chevaux n’apparaissant que comme de petits points mouvant au milieu d’une nature immense.
Et dans les deux films, cette nature est remarquablement filmée et mise en valeur par une superbe photographie. Mattie et ses compagnons traversent les paysages et les saisons jusqu’à la scène où, mordue par un serpent, elle est emmené par Rooster Cogburn qui n’hésite pas à tuer son cheval de fatigue puis à la porter jusqu’à épuisement pour la sauver. Les frères Coen nous emmène alors à la frontière du fantastique en nous faisant traverser avec eux la Vallée de la Mort.
Comme à leur habitude, ils n’hésitent pas à multiplier les dialogues et les scènes à rallonge où les protagonistes s’affrontent verbalement. C’est le cas pour les incessantes disputes entre Rooster Cogburn et LaBoeuf, ou pour cette discussion absolument brillante entre Mattie et le vendeur de poneys. La scène est longue, statique et ne souffre pourtant d’aucune rupture de rythme. En quelques minutes, les réalisateurs plantent le caractère inflexible de la jeune fille avec un humour à froid qui n’appartient qu’à eux.
Enfin, la réussite de True Grit tient bien évidemment à ses interprètes. Jeff Bridges tient là un personnage à la mesure du Dude du Big Lebowski, et Josh Brolin est parfait dans le rôle du sale type de service. Les nouveaux venus ne sont pas en reste, Matt Damon interprétant avec une sobriété exemplaire un LaBoeuf aussi caricatural au début que finalement touchant. Quand à Hailee Steinfeld, elle habite littéralement le personnage de cette adolescente bornée et pragmatique confrontée trop tôt à la violence du monde qui l’entoure.
True Grit figure parmi les plus belles réussites des frères Coen qui en comptent déjà pas mal. C’est aussi et avant tout un vrai western, genre qui se fait trop rare pour rater celui-ci.
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