Le film de prison est, plus qu’un genre, une véritable institution régie par des codes que l’on retrouve presque immuablement dans tous les films, romans ou séries télévisées traitant du milieu carcéral.
Phénomène de bandes, victimes et bourreaux, humiliation, violence, matons souvent sadiques, viols, sont quelques uns des poncifs d’un genre qui n’est souvent que le reflet, plus ou moins exagéré, d’une cruelle réalité. L’homme est un loup pour l’homme, et quand on enferme plusieurs loups derrières des barreaux, il se détache des chefs de meute, des dominants et des dominés.
En s’attaquant à cet univers, Kim Chapiron prenait le risque de répéter ce que d’autres avant lui avait fait avant lui, parfois de manière définitive. Que reste-t-il à dire du milieu carcéral après Oz, la série culte de Tom Fontana ? Le réalisateur a l’intelligence de ne pas bêtement copier ses ainés en transposant l’action de son film dans un centre de détention américain pour mineurs.
Nous pénétrons dans cette prison en compagnie de Davis, Angel et Butch âgés de 15 à 17 ans. Tous sont des délinquants ayant commis des délits plus ou moins graves. Tous sont des garçons à la dérive qui réagiront de manière différente à l’enfermement et aux rapports de force qui leurs sont imposés par un petit caïd. En prenant le parti de raconter son histoire du point de vue d’adolescents, Kim Chapiron se rapproche beaucoup plus de l’Animal Factory d’Edward Bunker que d’Un prophète pour citer un exemple récent. Le réalisateur se met à la hauteur de ses personnages, à la frontière entre l’âge adulte et l’enfance, tour à tour touchants et terrifiants.
La force du film vient d’ailleurs en partie d’un casting incroyable et d’une direction d’acteur sans faille. Le personnage de Butch interprété par Adam Butcher est l’incarnation d’une bombe à retardement, tout en violence difficilement contenue. Quand au tortionnaire Banks joué par Taylor Poulin, il est d’une crédibilité totale. Tour à tour violent, grossier, il incarne ce que la cruauté de l’enfance et la force brutale d’un adulte peuvent engendrer de pire.
Kim Chapiron a le bon goût de ne pas céder aux pires clichés du genre en faisant de ses gardiens de prison des hommes ordinaires, des pères de famille qui cherchent à trouver le bon équilibre entre l’autorité qu’ils incarnent et l’aide qu’ils essaient d’apporter à ces enfants. Dog Pound est une plongée dans l’enfer malheureusement ordinaire de ces centres de détention où, malgré toute la bonne volonté du personnel en place, des drames se jouent à chaque instant.
La succession d’évènements à priori bénins qui vont conduire à l’explosion de violence finale est représentative de la vie de ces jeunes qu’une série d’accidents a conduits en prison. Les incidents se succèdent, la haine et la colère s’accumulent de part et d’autre, jusqu’à une scène de mutinerie impressionnante qui se clôt sur une porte qui se ferme brusquement, comme une chape de plomb sur le destin de ces jeunesses brisées.
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