dimanche 7 mars 2010

Shutter Island

Shutter Island, une île où sont détenus et soignés des patients violents et dangereux. C’est aussi le théâtre d’évènements inexplicables, comme la disparition de Rachel Solando, accusée d’avoir tué ses trois enfants. Une prisonnière enfermée dans sa cellule qui s’est comme évaporée dans la nature. C’est pour enquêter sur cette mystérieuse affaire que débarquent le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule.
Très vite, ils vont devoir se confronter au personnel soignant et particulièrement au psychiatre en chef, alors qu’une tempête coupe toute communication avec l’extérieur.
Le livre de Denis Lehane qui a servi de base au film constitue déjà un formidable matériau scénaristique. L’histoire de ce marshal qui va aller au bout de la folie pour démêler les fils d’une enquête à priori impossible à résoudre est d’une richesse exceptionnelle. En choisissant de l’adapter au cinéma, Martin Scorsese s’assure donc une histoire solide et des personnages passionnants à mettre en scène.
L’atmosphère inquiétante de Shutter Island qui oscille entre la réalité d’un cadre naturel imposant et les distordions d’un esprit dérangé est parfaitement rendu par le parti pris du réalisateur, celui de traiter son histoire par le biais du film de genre. Pour cela, Martin Scosese emprunte en effet les codes du film d’épouvante (une allumette craquée dans l’obscurité, des cachots rouillés et humides que l’on pourrait retrouver dans l’univers de Silent Hill), du polar (l’enquête des marshals confrontés à toute une séries de personnages plus ou moins troubles, des indices qui parsèment le parcours des policiers), du thriller psychologique (les retournements de situation, les faux semblants, les manipulations).
Tout le film concourt à créer cette atmosphère particulière, de la musique omniprésente durant les dix premières minutes du film, aux décors claustrophobiques et à l’éclairage des prisons. Shutter Island est donc la réunion de deux talents, celui d’un écrivain qui pose les bases d’une histoire particulièrement riche et propre à de multiples interprétations, et celui d’un réalisateur qui se l’approprie et l’illustre de façon magistrale.
Martin Scorsese, en grand directeur d’acteur, s’entoure comme toujours d’un casting impeccable. De Leonardo DiCaprio et Mark Ruffalo à Ben Kingsley et Emily Mortimer, tous les interprètes apportent une dimension particulière à leurs personnages. Le seul point faible du film semble être Michelle Williams qui n’a pas l’intensité nécessaire à un rôle pourtant essentiel. Alors que la brève apparition d’Emily Mortimer donne à son personnage une force impressionnante, les scènes oniriques qui mettent en scène la femme du marshal Teddy Daniels paraissent en comparaison moins puissantes et de ce fait ralentissent un peu le rythme du film.
Ceci étant, si on ne connait pas l’histoire avant d’avoir vu le film, on ressort de Shutter Island complètement bluffé, par le dénouement de l’intrigue mais également par la force de la réalisation et de l’interprétation des différents personnages de cette histoire tortueuse. Il semble alors nécessaire de revoir le film pour en comprendre tous les mécanismes, comme ce fut le cas pour Usual suspect ou Le sixième sens.
Martin Scorsese a depuis longtemps compris qu’une bonne histoire était la base d’un bon film. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante. Il faut en plus une conjonction de talents pour l’illustrer et l’interpréter sans la trahir. C’est chose faite, et après Clint Eastwood (et Ben Affleck), Denis Lehane peut se vanter d’inspirer les meilleurs réalisateurs.

2 commentaires:

isis a dit…

j'avoue ne pas comprendre les critiques mitigés sur le film,pour moi ce fut un beau moment de cinéma,le film est vraiment fidéle au bouquin,j'ai rarement vu ca au cinéma,filmé avec brio par martin scorsese avec un casting quatres étoiles,on regrettera cependant la date de sortie repoussé qui aurait pu permettre au film de recevoir quelques nominations.Je conseille de voir le film plusieurs fois pour saisir tout les indices laissé ici et la au travers du film.



je suis pas vraiment daccord avec ta critique concernant michelle williams,les scénes d'emily mortimer ( que j'ai trouvé fantastique) sont trés forte en émotion,mais tu ne peux pas comparer les scenes d'emily mortimer avec celle de michelle williams,dolores est un personnage dans lequel michelle williams a su donner une réélement dimension,entre fanstasme et réalité,tout au long du film nous ne savons qu'une chose,dolores est la femme de teddy daniels et elle est morte dans un incendie,il est trés difficile de s'attacher a ce personnage qui n'apparait trés peu,je pense que le spectateur arrive plus a 'accrocher" avec les scenes de mortimer,de un ses scénes sont trés fortes et de deux,on nous l'a décris,c'est une patiente,qui a tué ses trois enfants et qui est folle,ce qui rend le personnage d'autant plus intense,je trouve personellement qu'avec le peu de matiére qu'on a donné a michelle williams elle a su rendre le personnage émouvant,fort ou fou,ce qui n'était pas chose facile,par ailleurs son interprétation est trés fidéle au bouquin

un film vraiment a voir

Christophe SEMONT a dit…

Je n'ai découvert l'histoire qu'au travers de l'adaptation en bande dessinée de De Metter, je ne peux donc (malheureusement) comparer le film au livre d'origine. Si l'on considère que Rachel est la projection fantasmée de la culpabilité ressentie par Teddy et que les apparitions de Dolores (= douleurs en espagnol!)sont les souvenirs d'une femme bien réelle, cela peut éventuellement expliquer les différences de traitement des scènes. N'empêche, Emily Mortimer a une sacrée présence !