dimanche 17 janvier 2010

Invictus

Le pardon et la rédemption ont toujours constitué des thèmes majeurs dans la filmographie de Clint Eastwood.
L’adaptation de Mystic River, et des œuvres plus personnelles comme Impitoyable, Gran Torino en sont les exemples les plus récents. Invictus se situe dans la droite ligne de ses précédents films et constitue une pierre supplémentaire dans une œuvre majeure et d’une rare cohérence.
Le film débute en 1994, l’élection de Nelson Mandela sonne le début d’une ère nouvelle pour l’Afrique du Sud. Après des années de prison, le leader noir n’a qu’un mot à la bouche, le pardon pour ses tortionnaires. Un pardon qui devra être partagé par tous et qui permettra au pays de se relever et de se reconstruire. Les tensions entre noirs et blancs restent cependant vives et s’expriment au travers de multiples scènes de la vie quotidienne. Le sport en est un exemple, comme en témoigne ce plan d’ouverture où l’on voit un groupe de blancs bien équipés s’entrainer au rugby alors que de l’autre coté de la route des jeunes noirs en haillons jouent au foot.
Fin stratège et visionnaire, Nelson Mandela pressent que le rugby et l’équipe nationale des Springboks, jusque là symbole de l’Apartheid, pourrait bien devenir un élément national fédérateur à l’occasion de la coupe du monde qui se déroula en Afrique du Sud en 1995. Il se rapproche alors de François Pienaar, capitaine de l’équipe et pur produit de l’Apartheid.
Invictus se rapproche davantage de Mémoires de nos Pères et Lettres d’Iwo Jima que de Million Dollar Baby. Le film privilégie en effet moins des destins individuels que l’histoire d’une nation. Une page de cette histoire nous est présentée ici par le biais de deux hommes, issus de milieux radicalement différents.
Nelson Mandela et François Pienaar n’avaient à priori rien en commun si ce n’est que l’un et l’autre incarnaient de façon symbolique les deux visages de l’Afrique du Sud des années 90. Le vieil homme noir, leader politique et ancien prisonnier va contribuer à transformer le jeune homme blanc, sportif élevé dans une tradition de séparation raciale. Ensemble, ils vont donner à tout un pays une raison de regarder dans la même direction, le temps d’une saison sportive.
Si le film de Clint Eastwood joue surement moins sur la corde sensible que ses précédents longs métrages, le réalisateur réussit cependant à combiner habilement le film sportif et la chronique politique sans sacrifier pour autant ses personnages. Encore une fois, tous les éléments sont rassemblés pour faire d’Invictus un film prenant et réussi. Une bande son impeccable, une direction d’acteur sans faille, une distribution intelligente et surtout, un réel intérêt porté aux personnages qu’il met en scène. Une fois de plus, Clint Eastwood signe un film maitrisé de bout en bout. Alors même que l’on connait le résultat du match de final, il réussit le pari de nous tenir en haleine et de faire de cette rencontre sportive une aventure avant tout humaine. Celle de deux hommes, de deux peuples qui se rapprochent un peu alors qu’ils se haïssaient quelques années auparavant. La personnalité exceptionnelle de Madela est incarnée par un Morgan Freeman habité par son rôle, tour à tour grave et souvent malicieux.
On pourra toujours reprocher au réalisateur quelques scènes un peu forcées lorsqu’à la fin du match des policiers blancs prennent des enfants noirs dans leurs bras, et que chacun s’embrasse dans la liesse la plus totale. C’est surement un peu trop, mais c’est aussi l’expression d’un homme qui croit encore, et de plus en plus en son prochain.
Chaque film en témoigne, chaque film confirme que Clint Eastwood est l’un des plus grands réalisateurs en activité. Vite, la suite !

2 commentaires:

Fridolin TCHEKHOV a dit…

J'ai adoré ce film et jamais j'ai eu autant d'émotions dans une salle de cinéma !

Ton billet est magnifique.

CSKshadow a dit…

je ne l'ai pas encore vu mais ce film s'annonce vraiment excellent, le ''couple'' Freeman/Eastwood, ne peut donner que quelque chose de fort au cinéma !