Jusqu’en enfer marque le grand retour de Sam Raimi au film d’horreur, genre qui l’a révélé avec Evil Dead, tourné en 1979 pour un budget de 350 000 dollars.
Alors inconnu et méprisé par ceux qui encensent aujourd’hui Spiderman (le même phénomène s’est produit avec Peter Jackson), seul une poignée de fans ont reconnu en lui le grand réalisateur qu’il serait amené à devenir. Sam Raimi était alors un gamin débordant d’énergie communicative et d’inventivité, défonçant les portes d’une vieille cabane perdue au fond des bois avec sa mobylette sur laquelle était fixée sa caméra.
Le gamin a grandi, il est devenu brillant. Et il dispose de beaucoup plus de moyens.
On pouvait attendre le meilleur de Drag me to hell, la rage des débuts mêlée à une maturité et une maitrise qui ne sont plus à prouver. Hélas, le sale gosse des débuts est devenu un enfant gâté disposant de trop de jouets.
Non pas que Drag me to hell soit raté, loin s’en faut. Les ressorts employés par le réalisateur pour susciter la peur par l’image ou la bande son fonctionnent toujours. Mais force est de reconnaitre que l’on s’attendait à autre chose.
Le scénario d’abord, mince et linéaire, ne réserve que peu de surprises. Les effets numériques ensuite, viennent gâcher le moindre effet spécial par leur coté trop lisse et artificiel. Alors que le sang giclait et que les têtes éclataient grâce aux effets mécaniques dans Evil Dead, des effets créés par ordinateur et ajoutés en post production ne parviennent pas à être convaincants une seule seconde.
Drag me to hell est trop propre, trop correct pour les fans de la première heure. Lorsque la sorcière morte tombe sur Christine et vomit sur elle des litres de liquide verdâtre, l’héroïne se relève impeccable sans la moindre trace de salissure. Si l’attente suscitée par ce retour tant espéré du maitre à ses premières amours se trouve déçue, le film n’en est pas pour autant mauvais. Alison Lohman, présente dans presque tous les plans, se révèle être un excellent choix, à la fois douce, fragile et déterminée à s’en sortir. Drag me to hell comporte de nombreuses scènes jubilatoires, comme l’attaque de Christine par la sorcière dans le parking ou le repas chez les beaux parents.
Sam Raimi n’a pas tout a fait réussi à retrouver ce jeune réalisateur frondeur qu’il était. Le film s’en ressent. Par contre, il conserve cette passion pour le genre et cette virtuosité que même des millions de dollars ne parviennent pas à masquer.
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