Lorsque Wes Craven réalise La dernière maison sur la gauche en 1972, il livre un film brut, dérangeant et provocateur. Bien que techniquement très imparfait, le film choque par les thèmes abordés (la violence et le sadisme cachés au font de chacun d’entre nous, la légitimité de la vengeance), le traitement sec et réaliste des scènes de meurtre.
Surfant sur la vague des remakes de films d’horreur des années 70 (Zombie, Massacre à la tronçonneuse, La colline a des yeux entre autre), Denis Lladis, ou plutôt Universal Pictures, décident de le réactualiser. Qu’en sort-il ? Un film bancal qui semble gêné par le sujet même qu’il aborde.
La trame de l’histoire est a peu de chose prés la même que l’original. Un groupe de meurtriers violent et tuent deux jeunes filles. Après un accident de voiture, ils trouvent refuge chez un couple qui se révèleront être les parents de l’une des jeunes filles. Leur vengeance dépassera en violence et en sauvagerie celles des agresseurs de leur fille.
La dernière maison sur la gauche version 2009 réserve quelques surprises, comme le meurtre de Francis, le frère du chef de la bande. Incroyablement longue et cruelle, cette mise à mort dénote dans un film mal à l’aise avec un sujet aussi difficile à traiter.
En effet, l’absence de moyen technique rendait le film original d’autant plus réaliste et percutant, à la manière d’un Maniac ou de Henry, portrait of a serial killer. Ici, le film est réalisé comme n’importe quel slasher et souffre continuellement de ce décalage entre le thème traité et le parti pris du réalisateur, si l’on peut qualifier de parti pris une réalisation quelconque dénuée de toute originalité.
Par exemple, après la scène de viol, une musique tragique vient souligner l’agonie de Marie Collingwood, comme si les faits auxquels nous venons d’assister ne suffisaient pas et qu’il fallait guider le spectateur vers les larmes. Cette dernière, malgré ce qu’elle subit, trouve le moyen de survivre et sera finalement sauvée et conduite à l’hôpital, refus flagrant du nihilisme du film de Wes Craven. De la même manière, le personnage de Justin, le fils adolescent et réticent de Krug apparait comme une sorte de bonne conscience au sein de la bande de meurtriers, comme pour nous indiquer qu’il y a tout de même une lueur d’espoir, une rédemption possible pour quelqu’un qui a été entrainé malgré lui sur une fausse route. Hors dans le film voulu par Wes craven, il n’y a aucune issue possible. La violence est partout, chez les agresseurs et chez les agressés, plus horrible encore si c’est possible.
N’est pas Haneke qui veut et lorsque l’on s’attaque à des sujets aussi délicats, il faut non seulement du talent mais aussi le cran d’aller jusqu’au bout de son œuvre. A ce titre, le final du film qui voit la tête de Krug éclater dans un micro onde s’adresse clairement au public de Saw 2, 3, 4, 5 et bientôt 6. La dernière maison sur la gauche est traité comme un énième slasher pour adolescent (que l’on voudrait) décérébré, suivant le remake de Prom Night et précédant celui de Meurtres à la Saint Valentin.
D’un casting inadapté qui n’inquiète pas une seule seconde, d’un réalisateur qui n’a pas su s’imposer face aux studios, d’un thème trop sensible pour servir de trame à un ersatz de Scream, il ne peut sortir qu’un remake tiède qui passe à coté de son sujet et qui laisse un goût d’inachevé. Ce film choc méritait mieux que cela.
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