mardi 13 janvier 2009

Frozen River

Une rivière gelée à la frontière entre le Canada et les Etas Unis. La glace qui menace à tout moment de rompre, comme la vie de ces deux femmes, Ray et Lila qui se battent bec et ongles pour leurs enfants.
Ray, l’une de ces travailleuses pauvres dont le mari est parti et qui, à la veille de Noël veut offrir à ses deux fils une maison et une vie digne. Lila d’origine Mohawk qui vit dans la réserve indienne et qui lutte pour récupérer son bébé retenu par sa belle famille après la mort de son mari. L’argent est le seul moyen de concrétiser leurs rêves.
Pour cela, ces deux femmes à priori antinomiques s’allient pour faire passer contre rémunération des immigrés clandestins dans leur voiture à travers la rivière gelée de Saint Lawrence. En s’engageant dans cette voie, elles devront affronter les éléments naturels, la police et des employeurs plus que douteux.
Avec ce film indépendant, la réalisatrice Courtney Hunt dresse le portrait de deux femmes qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins, tout en conservant pourtant une dignité et des valeurs humaines qui les rendent d’autant plus fortes et attachantes.
En cela, le personnage de Ray est le croisement entre Beth dans L’Ame des guerriers de Lee Tamahori et Angie dans It’s a free world de Ken Loach. Mère courage, elle se bat contre un destin qui s’acharne et une société impitoyable pour donner à ses enfants un avenir et leur assurer de quoi subsister. Pour cela, elle n’hésite pas à exploiter la misère humaine et des malheureux encore plus en détresse qu’elle ne l’est elle-même.
C’est cet instinct maternel, cet amour pour leurs enfants qui les unissent et leur donne le courage de lutter.
La force de ce film tient avant tout à l’interprétation remarquable de Melissa Leo et Misty Upham, à la direction d’acteur d’une réalisatrice complètement en phase avec ses personnage, à sa propension à tirer parti de décors superbes et écrasants. Des personnages parfaitement écrits et une musique en phase avec l’atmosphère particulière de ce film en font une vraie réussite, une leçon d’humanité qui à aucun moment ne sombre dans le drame lacrymale.
Courtney Hunt nous montre sans aucun pathos une partie de cette société américaine laissée pour compte et des femmes qui ne possèdent rien que la formidable envie de s’en sortir. Quitte pour cela à participer à ce que le système leur propose de plus vil.
Elles l’assument et vivent avec, faisant leur l’adage manger ou être manger dans cette jungle qu’est devenu leur quotidien.

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