samedi 10 janvier 2009

Che - L'Argentin

On comprend dès la première demi heure du nouveau film de Steven Soderbergh que l’on n’est pas devant le grand film que mérite le destin hors du commun d’un homme qui ne l’est pas moins.
La première partie d’une œuvre qui en compte deux se concentre sur l’épopée cubaine d’Ernesto Guevara, de sa rencontre avec Fidel Castro jusqu’à la libération de Cuba de la dictature de Batista.
Alternant les scènes sur l’île et la venue du Che quelques années plus tard aux Etats Unis, le film souffre d’un manque de lisibilité qui semble du essentiellement à un problème de montage.
Si le choix du réalisateur de passer tout le long du film d’une époque à l’autre est intéressant, il n’arrive cependant pas à rendre l’épopée du Che captivante alors que le sujet s’y prêtait grandement. Par exemple, le parti pris de plaquer sur des scènes de bataille les discours du Che rend l’ensemble difficile à suivre et diminue à la fois l’impact des images et des dialogues.
Che – l’Argentin peut paraitre un peu obscur pour qui ne connait pas un minimum l’histoire cubaine. La bataille décisive de Santa Clara est très bien restituée d’un point de vue militaire, mais son impact politique n’apparait que peu. Les discours prononcés par le Che ainsi que ses interviews sont passionnantes et nous font percevoir une partie de cette personnalité complexe que fut ce médecin argentin devenu l’une des figures légendaires du vingtième siècle. Pourtant, le film ne se concentre pas suffisamment sur le contexte politique et idéologique qui a conduit une poignée d’hommes à débarquer sur Cuba à bord du Granma avec la volonté de libérer l’île d’une dictature installée par les Etats unis et l’espoir fou d’instaurer une révolution populaire socialiste à quelques kilomètres seulement de l’Amérique.
Enfin, on aurait souhaité de la part de Steven Soderbergh une vision moins uniforme d’Ernesto Guevara, car derrière la figure légendaire se cache un homme avec ses contradictions et sa part d’ombre. Sur un sujet aussi lourd à traiter, Oliver Stone avait fait de JFK un film passionnant, une véritable investigation, quitte à risquer la controverse.
Steven Soderbergh nous a déjà démontré avec Traffic qu’il savait raconter une histoire complexe et diriger une multitude de personnages troubles. Il faut donc attendre la seconde partie de ce dytique avant de juger trop sévèrement un film qui, malgré la déception qu’il engendre avec un tel sujet, n’en reste pas moins bien filmé et interprété.

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