Au cours d’une scène magique dans un dancing où sont assis cote à cote un égyptien charmeur, un israélien timide et maladroit avec les filles, et sa compatriote meurtrie et mal dans sa peau, Eran Kolirin parvient à illustrer de façon profonde et comique toutes les difficultés qu’ont ces êtres à communiquer. L’arabe avec le juif, l’homme avec la femme. Le jeune égyptien prête ses gestes à son voisin israélien afin que celui-ci parvienne à toucher celle qu’il a blessée quelques minutes auparavant par maladresse. Cette scène muette, aussi simple que touchante et burlesque, remplace tous les discours et fait de ce film un véritable plaidoyer pour l’espoir d’un dialogue possible entre des êtres que les à priori auraient tendance à opposer.
Mais la véritable force du film vient de l’actrice Ronit Elkabetz qui incarne avec un charme incroyable un personnage de femme volontaire, éclatante de vie et de beauté, qui prend ce que la vie lui présente de meilleur, quitte à en être parfois meurtrie. Il suffit qu’elle apparaisse à l’écran pour occulter tous les autres personnages et capter tous les regards. A la fois libre et prisonnière d’une société que l’on devine oppressante pour elle, elle incarne ce que les femmes ont de plus beau. Face à elle, deux hommes que tout oppose. Le jeune musicien tombeur qui gagnera son corps, et le chef de la fanfare, qui se cache derrière la raideur de son uniforme et qui touchera son cœur mais n’osera aller plus loin. La visite de la fanfare est un film étrange, parfois un peu lent, souvent beau et drôle, et qui touche à l’universel. Comme cette fanfare perdue au milieu de nul part.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire