L’homme est un loup pour l’homme, c’est cet adage que semble vouloir illustrer Ken Loach dans son nouveau film qui se place cette fois ci du coté des exploitants plutôt que des opprimés.
Au travers des efforts d’Angie, jeune anglaise tour à tour victime, héroïne de son quotidien et chef d’entreprise manipulatrice et sans état d’âme, le réalisateur anglais s’attaque au libéralisme sauvage qui pousse ses contemporains aux pires excès pour se faire une place au soleil. Quitte pour cela à profiter de la misère d’autrui comme d’autres ont profité d’elle. Le travail clandestin en Angleterre et le business lucratif qui en découle offrent à cet éternel révolté le terreau idéal pour dénoncer les travers d’une société qui part à la dérive, emportée par l’attrait du gain ou tout simplement l’espoir d’une vie décente. Car si il se montre sans concession vis-à-vis de ses personnages, la force de Ken Loach est de ne pas les juger ou les caricaturer.
Les motivations de chacun, et celles d’Angie en particulier, ne sont pas condamnables en elles mêmes (offrir un minimum de confort matériel à son fils, exister dans un monde ultra matérialiste et une société de sur consommation). Ce sont les moyens qu’elle emploie pour parvenir à ses fins qui ne souffrent aucune excuse. On est tour à tour émut, compatissant, séduit et finalement dégoûté par cette femme qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. Dégoûté et inquiet, car Angie nous ressemble dangereusement.
Au-delà d’une réalisation toujours exemplaire, la force du film tient aussi à Kierston Wareing, actrice sensuelle et entière que le réalisateur ne lâche pas d’une semelle et qui incarne à la perfection un personnage ambigu pour qui la fin justifie tous les moyens. Plus que le procès de ses personnages, c’est celui de la société actuelle que nous propose ce réalisateur engagé dont chaque film nous renvoie le douloureux reflet d’un monde bien peu reluisant.
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