Depuis Le prix du danger d’Yves
Boisset en 1983 la mise en scène d’une violence télévisée destinée à manipuler
les masses a fait l’objet de multiples variations autour du même thème, plus ou
moins réussies et plus ou moins conscientes du message politique qu’une telle
satire peut véhiculer.
En reprenant les bases du roman de Stephen King publié
en 1982 sous le nom de Richard Bachman, pseudonyme sous lequel il signa ses œuvres
les plus énervées et engagées politiquement (citons entre autres Marche ou
Crève récemment porté à l’écran), Edgar Wright aurait pu se contenter d’un
spectacle inoffensif et débridé apte à tenir le haut de l’affiche le temps d’un
énième vidage de cerveau.
Oui mais Edgar Wright n’a pas pour habitude de rentrer
dans les cases, ou alors pour mieux les exploser de l’intérieur (Hot Fuzz et
Shaun of the Dead en sont les plus éclatantes démonstrations).
Porté par l’ultra
charismatique Glen Powell et une myriade de seconds rôles tous plus investis
les uns que les autres, le réalisateur britannique double une course contre la
montre sans aucun temps mort d’une critique acerbe, et dangereusement actuelle,
de la banalisation de la violence, de la manipulation des foules par les médias
et d’un certain abrutissement devant les écrans.
Réflexion bienvenue et bien
énervée sur le pouvoir des images et de la désinformation, Running Man n’en
reste pas moins un film d’action dopé à la testostérone filmé par un
réalisateur amoureux de son art, celui du travail bien fait et d’une générosité
jamais démenti à l’égard du spectateur qu’il n’a cessé être.
Sans jamais tomber
dans la caricature ni le dogmatisme, Edgar Wright réussit à investir le système de
l’intérieur et à plastiquer son blockbuster pour en faire un véhicule piégé
lancé à toute vitesse vers un futur dystopique peut être pas si lointain que
cela.

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