lundi 11 juillet 2022

The sadness

Le plus intrigant avec The sadness reste encore qu’un film comme cela ait pu se frayer un chemin dans les salles de cinéma estivales des plus grands complexes. Un mystère de la distribution qui nous permet de nous plonger dans les rues de Taïwan avec Kat et Jim, un couple charmant dont on devine qu’ils vont passer des moments douloureux (mention spéciale à la très belle et talentueuse Regina Lei) et connaitre une fin funeste alors qu’une épidémie transforme les habitants de l’île en monstres lubriques et sadiques. 

Improbable croisement entre le délire des films de catégories III, l’horreur cradingue d’un Lucio Fulci, les  infectés chers à Danny Boyle et la perversion de Salò ou les 120 Journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini (la dimension politique et le rapport de domination de classes sociales en moins), The sadness déboule de nulle part avec sa hargne et sa volonté presque touchante de revenir à l’essence même du cinéma gore, un cinéma extrême et dérangeant dans sa forme et les excès qu’il nous balance en pleine figure. 

Car ce qui différencie The sadness des autres films d’infectés est bien le caractère particulier de ses monstres, doués de parole et de raison et animés par le besoin, non pas de dévorer son prochain, mais de le faire souffrir et de l’avilir de la pire manière qui soit. Basé sur un scénario convenu dont on devine le dénouement au bout du premier quart d’heure, le film de Rob Jabbaz vaut surtout pour le miroir qu’il nous tend (et moi je ferais quoi à sa place ?) et notre propre réaction devant ce déferlement de violence.

Traversé par de nombreuses scènes d’anthologie dont l’attaque du métro reste le point d’orgue, The sadness nous épargne pourtant le pire (les séquences du viol oculaire et du bébé dans la poubelle restent hors champ) et se clôt sur un final mixant le dénouement de la Nuit des morts vivants (le sort réservé à l’héroïne) et Zombie (l’hélicoptère sur le toit). 

Formellement très maitrisé, nihiliste et vénère mais dépourvu de tout message, The sadness s’adresse finalement davantage à nos tripes qu’à notre cerveau et c’est peut-être là que réside son intérêt principal.

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