François Ozon aborde un sujet
difficile (la pédophilie au sein de l’église catholique) par le biais d’une
affaire en attente de jugement (celui du père Bernard Preynat accusé
d’attouchements sexuels sur mineurs et par ricochet celui du cardinal Barbarin
pour non dénonciation de ces actes). Un film hautement sensible donc qui
pourrait donner lieu à ces dénonciations médiatiques à rebondissements dont les
américains ont le secret et qui enfantent parfois de véritables réussites (Les
hommes du président, Erin Brockovich et tant d’autres). Sauf que n’est pas Alan
J. Pakula qui veut.
Obnubilé par son sujet, et on le serait à moins, François
Ozon déroule son investigation de manière linéaire et assez didactique en
oubliant au passage toute lecture cinématographique.
Les seuls plans un peu
osés se limitent à un cadrage sur la nuque des personnages et le découpage du
film en trois actes pour les trois personnages principaux ne laisse que peu de
place à la dynamique de l’histoire. Il en résulte un film en effet très lisible
porté par de bons acteurs qui se laisse regarder avec intérêt. Mais on ne peut
s’empêcher de regretter le manque d’ambition du réalisateur écrasé par son
sujet.
Il aurait en effet été aussi intéressant de se pencher sur les
mécanismes de l’institution religieuse que sur le parcours des victimes. Même
si le parti pris se justifie pleinement, il réduit le film à une dimension
humaine certes importante mais qui nous oblige à considérer cette histoire par
le petit bout de la lorgnette.
Si certains choix d’écriture peuvent parfois
gêner, je pense à la caractérisation des personnages principaux (le bourgeois
catho, le bouffeur de curé et le marginal), ou à la représentation du père
Bernard Preynat jeune (archétype du serial killer en puissance), Grace à Dieu
demeure cependant un film réussi, important et suffisamment malin pour ne pas
se perdre dans un didactisme stérile.
Il n’en reste pas moins que l’on attend encore
le grand film qui nous plongera dans le cœur de cette Église séculaire,
tentaculaire et tellement puissante qu’elle parvient encore à dissimuler en son
sein les monstres qu’elle engendre.