mercredi 2 mai 2018

Foxtrot

Lorsqu’un officier de l’armée israélienne vient frapper à votre porte de bon matin, c’est rarement pour vous annoncer une bonne nouvelle. C’est cette expérience traumatisante que vont traverser Michael et Dafna dont le fils ainé Yonatan effectue son service militaire dans un poste frontière perdu en plein désert. 
Quoi de plus violent en effet que la mort d’un enfant, prompte à réveiller les secrets les mieux enfouis et à mettre à jour les personnalités les plus refoulées ? Le réalisateur israélien Samuel Maoz fait preuve d’une véritable maitrise qui éclate lors de scènes en état de grâce. Yonatan racontant la dernière histoire avant d’aller dormir, la tragique bavure du checkpoint ou encore cette scène empreinte d’une douloureuse beauté lorsqu’un couple arabe attend sous la pluie, humilié, que les soldats daignent enfin les laisser passer. Mais que d’efforts pour en arriver là ! 
La première moitié du film oscille entre des longueurs éprouvantes et un maniérisme à peine supportable. Il faudra en effet attendre ces scènes magiques pour se raccrocher à l’idée du film qu’aurait pu être Foxtrot. Car outre les lieux communs (l’auto mutilation pour se sentir vivant), l’usage des effets de caméra à outrance (le plan filmé du plafond est astucieux la première fois, il devient embarrassant au bout de quatre ou cinq reprises), Samuel Maoz en rajoute des tonnes dans une direction d’acteurs que seul le charme magnétique de la formidable Sarah Adler parvient à contre carrer. 
On passera sur une fin ratée (le suicide aurait donné au film une dimension tellement plus tragique qu’un banal accident) pour ne retenir que ces quelques moments en apesanteur sauvant in extremis un film qui, une fois n’est pas coutume, souffre d’un excès de mise en scène.

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