Olivier Marchal aime ses gangsters, la vie nocturne, le clinquant de l’argent facile, la violence des malfrats, petites frappes, grand banditisme, flics véreux ou délinquants en cols blancs.
Il les aime tellement qu’il en oublie parfois la crédibilité de ses histoires, même s’il réussit au final à nous emmener avec lui sur les traces de ces perdants que l’on a tant de plaisir à suivre dans leur chemin de croix, leur apothéose et la chute qui survient tôt ou tard.
Pour cette nouvelle plongée en eaux troubles, l’ancien flic nous entraine cette fois sur les traces d’arnaqueurs à la taxe carbone. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, que ce soit la TVA, les portables ou les diamants, les ressorts restent les même. Pour commencer son business il faut une mise de fond et cet argent, le grand banditisme peut le débloquer en quelques heures sans poser trop de questions. Sauf que si on veut manger avec le diable il vaut mieux avoir une très longue cuillère. C’est ce que va apprendre à ses dépens Antoine Roca, un chef d’entreprise obligé de déposer le bilan, coincé entre sa belle-famille richissime et son entreprise en faillite.
Une fois encore, les ressorts dramatiques sont connus et même si l’on devine sans trop d’efforts ce qui va suivre, on suit avec un plaisir certain ce loup de Wall Street à la petite semaine qui va se brûler les ailes. Car oui, Olivier Marchal sait s’entourer d’interprètes solides que l’on n’attendait plus, Benoit Magimel en tête avec sa silhouette épaissie et son regard fatigué. Si Depardieu s’impose toujours comme une force tranquille, le personnage interprété par Laura Smet souffre en revanche d’un manque d’épaisseur flagrant.
On ne croit pas une seconde à l’histoire d’amour entre Noa et Antoine, tout comme on n’adhère pas non plus à cette expédition punitive façon racaille de banlieue menée par une bourgeoise manucurée et ses copines de shopping. Carbone souffre d’incohérences flagrantes et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres. Citons pour finir une patrouille de policiers en planque qui attend patiemment qu’un homme se fasse flinguer avant de poursuivre les coupables en voiture.
Olivier Marchal choisit pour commencer son film un procédé narratif (dévoiler immédiatement la fin) qui n’a de sens que si l’histoire est suffisamment charpentée pour supporter une telle révélation, ce qui n’est malheureusement pas le cas de Carbone. Il n’en reste pas moins, à défaut d’un film majeur, une illustration plaisante du milieu interlope du grand banditisme parisien, toujours aussi captivant lorsqu’il est vu par les yeux d’un homme visiblement fasciné par les truands qu’il met en scène.
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