Eli Roth poursuit son exploration du cinéma de genre. Après l’infection (Cabin Fever), le torture porn (Hostel 1 et 2) et le cannibalisme (Green Inferno), le voilà qui s’attaque au home invasion avec l’enthousiasme et le mauvais esprit qui le caractérise. Car une fois encore, le genre abordé n’est qu’un prétexte pour dynamiter les codes d’une société qui se voudrait exemplaire et rassurante. Ce cocon familial modèle est caractérisé par un père architecte, une mère artiste et deux enfants qui semblent tout droit sortis d’une publicité pour barre chocolatée. Sans oublier le chien bien entendu.
Le film commence par un long travelling explorant les couloirs d’une maison dont le moindre élément de décor (photographies de famille, objets d’art fait maison) renvoie à cette image polissée et conservatrice de la famille américaine aisée. La caméra franchit la porte de la chambre où Evan et Karen en sont aux préliminaires amoureux. Ils n’iront pas plus loin, interrompus par les enfants qui envahissent la chambre pour la fête des pères. Les rituels familiaux ont depuis longtemps remplacés une vie sexuelle que l’on devine pour le moins frustrante. C’est dans ce contexte que débarquent par une nuit d’orage Bel et Genesis, deux nymphettes qui vont bien vite faire découvrir à Evan que le plaisir a un prix.
Comme il est de coutume chez Eli Roth, le sexe et le sang sont toujours étroitement mêlés. Non pas dans une démarche puritaine de punition du péché de chair, bien au contraire. Le réalisateur s’amuse comme un sale gosse à piétiner tout ce qui constitue les fondements de la société américaine par le biais de ses deux héroïnes psychopathes. La famille, et particulièrement la relation père fille, sont avilies, la réussite sociale symbolisée par la maison est saccagée, les œuvres d’art sont tournées en dérision, jusqu’à la sacro-sainte présence d’arme à la maison qui au final ne servira à rien du tout. Il est dommage qu’Eli Roth ne soit pas allé jusqu’au bout de son concept.
Davantage trublion que véritablement subversif (à la différence d’un John Waters par exemple), il limite les tortures subies par Evan à une fourchette plantée dans l’épaule et quelques décibels dans les oreilles. Venant du réalisateur d’Hostel, on était en droit de s’attendre à pire. (Attention SPOILER) Signe des temps, le film se conclut sur ce qu’il considère comme une punition pire que la mort, la diffusion d’une vidéo compromettante sur FaceBook ! (Fin des POILERS)
Mal servi par une distribution bancale (Keanu Reeves est crédible tant qu’il n’ouvre pas la bouche alors que Lorenza Izzo et Ana de Armas sont très convaincantes), Knock Knock est un thriller sympathique, surement pas aussi extrême que l’on pouvait espérer mais sacrément jouissif dans son désir de dynamitage de l’ordre établi.
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