Nick et Amy Dunne forment un couple parfait, en apparence. Car derrière une façade idyllique, le bonheur et l’euphorie des premiers moments se lézardent, faisant apparaitre une réalité glaçante. Jusqu’au jour où Amy disparait et où Nick est accusé de meurtre. Commence alors une course contre la montre pour le confondre ou l’innocenter, selon le bord où l’on se situe. Jusqu’à la découverte d’une vérité dépassant tout ce que l’on pouvait imaginer.
Car oui, outre son pitch dévastateur, Gone Girl est bien tout cela à la fois. Un thriller haletant, une critique corrosive d’une certaine société américaine, une radiographie sans concession de ce que peut devenir un couple, tout en nous réservant des moments d’humour noir et grinçant. Et c’est bien là que David Fincher parvient à nous surprendre une fois encore.
Si le réalisateur nous a habitué à une photographie soignée, une réalisation parfois glaciale mais toujours impeccable, un casting parfaitement dirigé, s’il met en scène depuis des années les cas les plus improbables de tueurs déséquilibrés tout en analysant leur rapport à l’image (thèmes que l’on retrouve bien évidemment ici), il ne nous avait pas, ou si peu, habitué à cet humour macabre qui frôle parfois le surréalisme, comme en témoignage la dernière partie du film.
Gone Girl est un film axé sur les femmes. Si le personnage campé par Ben Affleck est central, il n’est qu’un pantin bringuebalé entre les mains de sa femme, sa sœur, sa belle-mère et l’inspecteur de police en charge de l’enquête. Tous les rôles sont interprétés avec une justesse qui donne au film une parfaite cohésion, pourtant il est difficile de ne pas être particulièrement impressionné par la performance de Rosamund Pike.
(Attention SPOILER) D’une beauté glaciale, elle bascule de la candeur à la menace en un mouvement de sourcil et rejoint allégrement Catherine Tramell au panthéon des psychopathes aussi sexy que dangereuses (fin du SPOILER).
Aussi à l’aise dans le thriller que dans l’autopsie d’un couple, David Fincher n’épargne personne, et surtout pas les médias prêts à tout pour faire de l’audience. Car l’un des thèmes majeurs de Gone Girl est bien l’image, celle que l’on projette et celle qui est relayée dans des millions de foyers. Celle qui se fait et se défait en quelques minutes de prime time, celle qui s’achète ou qui se pervertit au fil des années. Et c’est bien là le nœud de l’intrigue, cette impossibilité, pourtant niée, de modeler son entourage à l’image que l’on s’en fait, et les actes extrêmes qui en résultent.
Le réalisateur pousse très loin le bouchon, nous offrant un dernier acte oscillant constamment entre l’absurde et le cauchemar. Tous les personnages sont pris à leur propre jeu, ne pouvant en sortir sans que tout le château de cartes sur lequel ils ont bâtis leur vie ne s’écroule. David Fincher s’amuse avec le spectateur et non pas à ses dépens. C’est fort, maitrisé, captivant, la marque des grands.