Les toutes premières images du film nous envoient dans un futur apocalyptique, un monde en ruine ravagé par des guerres incessantes où des engins gigantesques charrient des tombereaux de cadavres dans des décharges à ciel ouverts. Cela pourrait être l’univers de Terminator dominé par Skynet mais il n’en est rien. C’est le futur tel qu’il sera suite à une guerre ouverte entre humains et mutants, une guerre déclenchée par le meurtre de Bolivar Trask, futur créateur des Sentinelles par Mystique. Sauf si les mutants rescapés du futur peuvent empêcher cet évènement en envoyant l’un des leurs dans le passé. Le futur cauchemardesque n’est donc pas le seul point commun entre ce nouvel épisode des X Men et la saga des Terminator puisque le voyage dans le temps est l’un des axes principaux du film qui nous promène entre différentes époques.
Days of Future Past fait donc le lien entre X Men First Class et la première trilogie en conviant chaque génération de mutants pour une aventure à cheval entre passé et futur. Et c’est bien là la grande force de Bryan Singer que de construire film après film (en tant que réalisateur ou producteur) une saga d’une cohérence incroyable, où chaque épisode s’imbrique dans le suivant avent de remettre en cause en un film tout ce que nous venons de voir précédemment. Car sans en dévoiler la fin, le film se conclue dans une réalité découlant d’un passé modifié qui rend caduque absolument tous les précédents films. Logan n’a plus de griffes ni d’ossature en adamantium, Jean Grey n’est pas devenu le Phénix Noir, et ainsi de suite. Il faut un sacré culot pour ainsi déconstruire une saga entière et poser comme nouvelle pierre fondatrice ce qui n’aurait pu être qu’une réalité parallèle.
X men s’impose donc comme la saga la plus aboutie et passionnante de l’écurie Marvel, même si Days of Future Past n’est peut-être pas l’épisode le plus réussi. Alors que dans First Class Matthew Vaughn parvenait à équilibrer l’ensemble de ses personnages avec un sens de la mise en scène admirable, le foisonnement des mutants présents dans Days of Future Past impose forcement des choix. Bryan Singer met en avant bien évidemment Magnéto et Xavier entourés de Wolverine, Mystique, le Fauve, Vif Argent et un William Stryker en devenir. Tornade, Kitty Pride, Iceberg et tant d’autres ne font que de la figuration, alors que Cyclope et Diablo pour ne citer qu’eux disparaissent carrément du casting.
Si le film souffre d’une certaine lenteur au milieu de l’histoire, le réalisateur nous rappelle tout de même qu’il maitrise les scènes d’action comme nul autre (la scène d’ouverture de l’attaque des Sentinelles est à ce titre exemplaire) et qu’il sait parfaitement distiller une bonne dose d’humour quand il le faut (avec entre autre le personnage du Vif Argent).
Fidèle à sa réputation de saga adulte, X Men traite de sujets graves (la discrimination entre humains et mutants renvoyant aux heures les plus noires de la Seconde Guerre Mondiale, l’utilisation politique des forces militaires) et ancre son histoire dans la grande Histoire. C’est d’ailleurs ce qui fait l’une des grandes forces du film et qui accentue son ancrage dans l’esprit du spectateur. Voir Magnéto lié de près ou de loin aux évènements de Dallas, évoquer la crise des missiles de Cuba ou la vraie nature de JFK est non seulement malin mais nécessaire pour la dimension politique du film qui ne se cantonne pas à un simple divertissement pyrotechnique.
La scène post générique annonce ce qui devrait être le dernier volet d’une saga unique en son genre. Malgré les déclarations péremptoires des producteurs qui annoncent un film catastrophe « à la Roland Emmerich », faisons confiance à Bryan Singer pour conclure en beauté l’une des adaptations les plus réussies de super héros à l’écran.