mercredi 4 avril 2012

Bellflower

La photo est soignée, l’interprétation est juste, l’ambiance atypique. Au début on se laisse volontiers embarquer à la suite de ces deux amis glandeurs et fêtards qui vénèrent Mad Max 2 et qui semblent attendre l’apocalypse nucléaire pour enfin trouver un sens à leur vie.
Le problème c’est qu’au bout de presque deux heures de film le voyage n’aboutit nulle part.
Bellflower cumule l’essentiel des tics d’un premier film à l’esthétique un peu branchée. Tout y passe : l’ordre chronologique inversé, la photo saturée, les ralentis, le chapitrage, la fin alternative, c’est un vrai catalogue du film arty. Mais en privilégiant la forme sur le fond, le réalisateur, également acteur, Evan Glodell, prend le risque de laisser le spectateur au bord du chemin.
Pourtant, les interprètes sont vraiment attachants, surement davantage que les personnages qu’ils incarnent à l’écran d’ailleurs. Cette génération de jeunes adultes désœuvrés qui ressemblent aux gamins de Larry Clark qui auraient pris quelques années au compteur ne semble pas avoir de meilleures occupations que de picoler ou de délirer autour d’un lance flamme, quand ils ne se consument pas dans des relations sans lendemain qui tournent court.
Le film regorge d’idées intéressantes (attention, spoiler) comme cette insistance qu’à Milly à faire porter la barbe à un Woodrow totalement réticent. Cette pilosité qui le vieillit incarne d’une certaine manière le passage à l’âge adulte qu’il refuse de franchir. Quand il décide de raser ces poils, se libérant ainsi de l’emprise de la femme castratrice, Milly ira jusqu’à lui faire carrément tatouer une barbe sur le visage, marquant de façon indélébile son emprise sur lui. Défiguré et sans retour possible en arrière, Woodrow n’a d’autre choix que d’aller au bout de ses phantasmes les plus sombres.
C’est dans ce pseudo final apocalyptique justement que Courtney se tire une balle dans la tête. Pourquoi ? On n’en saura jamais rien, si ce n’est pas justifier un final anarchique où tout le monde doit mourir. Final qui ne se révèlera qu’un mauvais rêve, une voix alternative que les deux héros du film ne prendront pas. C’est ce genre de facilité scénaristique, sans parler de points de détail (Woodrow explique à Milly son adoration pour Mad Max alors que tout le film se réfère à Mad Max 2) qui agace et qui empêche le spectateur de complètement adhérer aux errements de ces personnages qui oscillent entre geeks et paumés.
Bellflower n’est certainement pas la bombe annoncée. Le film se veut iconique, il n’est que maniéré. C’est d’autant plus dommage que tous les ingrédients sont là pour en faire un film réellement explosif.

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