2003, The Magdalene sisters sort en salle. Un choc irradié par la beauté d’Anne Marie Duff et le deuxième film de Peter Mullan.
Huit ans après, le réalisateur livre avec Neds un film qui renvoie à sa propre vie. Nous sommes à Glasgow en 1973. John McGill s’apprête à entrer au collège. Son père, impeccablement interprété dans toute son ignominie par le réalisateur lui-même, est un alcoolique qui terrorise sa femme. Son grand frère est un délinquant dont la réputation le protège autant qu’elle fait peser sur lui le poids des suspicions de ses professeurs, craignant que John ne suive ses traces.
Pourtant, John est un élève brillant qui, dans un tout autre contexte, aurait été promis un avenir prometteur. Seulement voilà, il est né dans une banlieue pauvre, où les affrontements entre les bandes de jeunes font régner la terreur dans le quartier.
Dès son entrée au collège, il est la proie du harcèlement d’un plus grand qui lui promet de faire de sa vie un enfer. Commence alors une spirale de violence qui va le consumer peu à peu.
Loin de dresser le portrait du mouvement hooligans comme le faisait le film homonyme de Lexi Alexander, ou de pondre un énième drame larmoyant, Peter Mullan continue son exploration d’une certaine jeunesse anglo saxonne sacrifiée, comme tant d’autre, sur l’autel de la pauvreté et de la violence qu’elle engendre. A travers le portrait de ce jeune garçon interprété à des âges différents par Gregg Forrest et Conor McCarron impressionnants d’authenticité, le réalisateur met en évidence un système familial et éducatif aussi destructeurs que les pulsions qui poussent John McGill vers le vide.
Si Peter Mullan évite tout manichéisme (c’est par exemple le modèle éducatif plus que les professeurs eux même qui est mis en cause) et ne sombre pas dans le piège du déterminisme sociale en clôturant son film par une fin ouverte laissant libre toute interprétation quand à l’avenir de John, il se raccroche néanmoins à quelques facilités scénaristiques. Ainsi, un concours de circonstance fait sans cesse croiser le chemin de John avec celui de Canta, son premier tortionnaire qui deviendra ensuite la victime la plus emblématique de sa violence. Même chose avec le bus qu’il braque une première fois et dans lequel il s’engouffre un peu plus tard.
Malgré ces petits écueils, Neds est un film puissant, traversé de moments surréalistes, comme cette baston entre John et un Christ descendu de sa croix, ou cette traversé d’un groupe de lions qui le regardent passer sans aucune agressivité. Le seul reproche que l’on peut faire au réalisateur, c’est de se faire si rare sur les écrans.
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