A bout portant est l’exemple presque parfait de ce que devrait être un film de genre. Un scénario travaillé et épuré à l’extrême, des acteurs convaincants, des personnages crédibles et bien écrits, une action sans temps mort qui emmène le spectateur dès les premières scènes pour ne plus le lâcher.
Samuel est un homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Il prépare son diplôme d’infirmier et s’apprête à devenir papa. Entre sa femme enceinte qu’il chérit et son métier dans un hôpital comme il en existe des centaines en France, son existence se déroule sans heurts.
Jusqu’à ce que sa vie bascule quand il croise, bien malgré lui, la route de Hugo Sartet, un braqueur hospitalisé objet de toutes les attentions. La police, son frère, des flics ripoux, tous le recherchent pour différentes raisons. Quand sa femme se fait kidnapper, Samuel se voit obliger d’aider le malfrat à s’échapper de l’hôpital s’il veut la revoir vivante.
Commence alors une longue course contre la montre qui va le changer à jamais.
Pour son deuxième film en tant que réalisateur, Fred Cavayé a eu l’intelligence de se démarquer des artifices qui alourdissent la plupart des thrillers actuels. Ici, pas de fusillades chorégraphiées à l’extrême, de montage cut, de ralentis artistiques, de personnages invraisemblables ou d’explosions monumentales.
Samuel n’est pas un surhomme ni un agent super entrainé. Au terme d’une longue course poursuite dans le métro parisien, il s’écroule et vomit sur le trottoir. Ses actes de bravoure lui sont dictés par l’urgence de la situation et la volonté farouche de sauver sa femme et son bébé, qu’elles qu’en soient les conséquences.
Longtemps cantonnés aux seconds rôles mémorables, Gilles Lelouch campe avec aplomb cet homme ordinaire plongé au cœur d’une situation extraordinaire. Face à lui, Roschdy Zem incarne avec une sobriété exemplaire un truand froid et méthodique que l’on devine aussi droit que dangereux.
L’une des forces du film tient aussi dans une galerie de seconds rôles efficaces, avec en tête de file un Gérard Lanvin impressionnant dans le rôle de l’ordure de service. Le commandant Werner qu’il interprète et sa bande de flics ripoux auraient toute leur place dans l’univers du Dobermann imaginé par Joël Houssin.
A bout portant est un modèle de rythme, l’action ne faiblit jamais si ce n’est au cours d’un flash back explicatif en plein milieu du film, surement nécessaire pour la compréhension de l’histoire mais qui vient casser inévitablement le cours de l’action. Autre petit défaut du film, un montage un peu trop court d’une scène durant laquelle Samuel, au prise avec un flic dans le commissariat, se saisit d’une haltère pour l’assommer. La scène est coupée au moment où il prend les poids et on ne peu qu’imaginer la suite.
De bien petits détails au sein d’un film tendu et remarquablement maitrisé qui montre bien si besoin est, que le paysage cinématographique français peut engendrer des films d’actions qui n’ont à rougir d’aucune comparaison avec leurs homologues américains ou asiatiques.
Qualité d’écriture, d’interprétation et de réalisation, tous les ingrédients sont réunis pour donner au spectateur le maximum de plaisir pendant une heure trente. C’est d’autant plus rare en France qu’il faut le souligner et ne pas bouder son plaisir.