L’adaptation d’Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton parait être une évidence tant ses univers se rapprochent par certains thèmes (le passage à l’âge adulte, la place dans la société) de celui de Lewis Caroll. C’est chose faite sous la houlette des studios Disney qui avaient déjà popularisé le conte en 1951.
Tim Burton prend le parti pris de ne pas illustrer fidèlement l’ouvrage de l’écrivain puisque son Alice est une jeune fille de 19 ans qui étouffe dans une société trop rigide pour son caractère indépendant. Son retour au Pays des Merveilles sera pour elle l’occasion d’échapper pendant quelques temps à un mariage arrangé et à une vie toute tracée que l’on décide pour elle. Elle en profitera en passant pour sauver le royaume de l’emprise de la méchante Reine Rouge et restituer son trône à sa sœur, la douce Reine Blanche.
Le texte original contient suffisamment de non sens et de magie, il est assez riche d’une symbolique puissante pour que l’on soit en droit d’attendre de la part de ce réalisateur de génie qu’est Tim Burton une version mémorable de ce conte intemporel. Hélas, si le film est traversé de très beaux moments, l’ensemble se suit comme un beau livre d’image vaguement ennuyeux.
Bien sur, l’ensemble des personnages clefs du conte d’origine sont là, de la Reine Rouge au Chapelier Fou en passant par le Lièvre de Mars. Le fait de faire d’Alice une jeune fille sur le point de se marier et d’entrer dans l’âge adulte n’est pas une mauvaise idée. Par contre, transformer son retour au Pays des Merveilles en une croisade contre un méchant dragon n’est pas d’une grande originalité.
Si certaines scènes, comme la bataille finale, sont dignes de grands tableaux d’héroïc fantasy, cela ne suffit pas pour tenir un film de presque deux heures. Nous suivons les pérégrinations d’Alice sans déplaisir mais sans réel intérêt non plus. Les effets spéciaux sont impeccables et les décors torturés nous rappellent que nous sommes bien dans un film de Tim Burton. Les premières notes de musique nous rassurent aussi, c’est toujours Danny Elfman qui compose le score. Mais ensuite, celui suit brille par son absence, ou bien ne se trouve pas suffisamment inspiré pour produire une partition digne de ce nom.
Si certains personnages transcendent leurs personnages et leur apportent une vraie personnalité, Helena Bonham Carter et sa Reine Rouge en tête, Mia Wasikowska qui incarne Alice manque elle singulièrement de présence.
Enfin, la 3D n’apporte strictement rien au film (quelques scènes mise à part) et confirme le fait que dans 90% des cas ce n’est qu’un artifice pour attirer le public et gonfler le prix des places.
Alice au Pays des Merveilles ressemble singulièrement à la Planète des singes adaptée par le même Tim Burton. On sentait bien que le réalisateur n’avait pas pu réaliser le film qu’il voulait, brimé par un studio à priori effrayé par la direction qu’il voulait donner à son histoire (la liaison à peine esquissée entre le héros humain et une chimpanzé).
Tim Burton a-t-il été contraint par les studios Disney de fournir une version assez grand public de ce conte qu’il voulait adapter depuis longtemps ? Ou devient-il consensuel, pour ne pas dire paresseux ? La suite, (encore) une adaptation de la Famille Adams, nous le dira.
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