samedi 21 décembre 2024

Les femmes au balcon

Girls’ Power. En empruntant les chemins de la comédie trash pour dénoncer les violences faites aux femmes, Noémie Merlant prend le risque de la surenchère, du manichéisme et de la vulgarité pour raconter le périple de ces trois copines confrontées au machisme ordinaire. 
Si elle arrive à éviter ces principaux écueils avec un film souvent drôle, engagé et au final lumineux, c’est principalement grâce à un trio d’actrices, dont la réalisatrice elle-même, qui portent le film à bout de bras. 
Lorgnant du coté de Pedro Almodovar période Femmes au bord de la crise de nerf, Noémie Merlant déroule son catalogue de maris violents et amoureux toxiques au travers de situations d’abus ou d’humiliations plus ou moins graves dont sont quotidiennement victimes la majorité des femmes. Passage à tabac, viol, avortement, harcèlement, il ne manque rien. 
Si la plupart des séquences sonnent justes, elle n’en évite pas moins des fautes de goût embarrassantes (était il nécessaire de faire péter son personnage tout au long du film pour désacraliser le corps des femmes ?), une certaine complaisance un peu vulgaire dans son désir de cinéma vérité (la séquence jambes écartées sur le siège du gynécologue), une symbolique tirée par les cheveux (le sexe coupé) et un traitement de l’élément fantastique qui tombe à plat (le chœur des hommes morts est complètement raté). 
Dommage qu’elle n’ait pas saisi cet aspect du film à bras le corps pour en faire le pendant féministe du Bernie de Dupontel, un film coup de poing (ou dans son cas coup de pieds dans les burnes) dans l’esprit de la Movida espagnole du début des années quatre-vingt. 
Autre temps, autres mœurs, Ces Femmes au balcon n’en demeurent pas moins attachantes dans leur désir de liberté et leurs doigts tendus face à un patriarcat à l’agonie mais encore suffisamment vivace pour que l’on ne baisse jamais les bras.

samedi 14 décembre 2024

Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim

Spider-Man : Across the Spider-Verse, Les Tortues Ninjas, Transformers : le commencement, le renouveau des séries à succès de la pop culture semble passer par les animés davantage que les suites exsangues produites à la chaine par des studios en mal d’inspiration. 
Si ce prequel à la trilogie de Peter Jackson ne se hisse malheureusement pas à la hauteur des films précédemment cités, il n’en demeure pas moins une pierre supplémentaire dans un édifice solide que l’on n’a pas fini d’explorer. 
Réalisé par le japonais Kenji Kamiyama, cet épisode fondateur de la dynastie des seigneurs du Rohan situé quelques deux cents ans avant la quête de Frodon déroule un scénario au final assez convenu de quête de pouvoir, trahison, amour déçu et révolte féministe en reprenant un bestiaire restreint et déjà vu (les oliphants et les aigles), ainsi que des personnages attachants pas toujours servis par une animation à deux vitesses. 
On passe ainsi de magnifiques morceaux de bravoure (l’avènement de la tour de siège, le vol des aigles) à des séquences à peine dignes d’un OAV des années quatre-vingt. 
La splendide bande originale aux accents martiaux ne suffit pas toujours à porter cette Guerre des Rohirrim qui aurait mérité plus de souffle, d’inventivité et un dessin à la hauteur de ses enjeux, celui d’une jeune guerrière libre et indépendante, fille de Helm Poing-de-Marteau qui va devenir la légendaire Héra et croiser la route d’un certain Gandalf le gris. Mais ceci est une autre histoire