Girls’ Power. En empruntant les chemins
de la comédie trash pour dénoncer les violences faites aux femmes, Noémie
Merlant prend le risque de la surenchère, du manichéisme et de la vulgarité
pour raconter le périple de ces trois copines confrontées au machisme ordinaire.
Si elle arrive à éviter ces principaux écueils avec un film souvent drôle, engagé
et au final lumineux, c’est principalement grâce à un trio d’actrices, dont la réalisatrice
elle-même, qui portent le film à bout de bras.
Lorgnant du coté de Pedro
Almodovar période Femmes au bord de la crise de nerf, Noémie Merlant déroule
son catalogue de maris violents et amoureux toxiques au travers de situations d’abus
ou d’humiliations plus ou moins graves dont sont quotidiennement victimes la majorité
des femmes. Passage à tabac, viol, avortement, harcèlement, il ne manque rien.
Si
la plupart des séquences sonnent justes, elle n’en évite pas moins des fautes
de goût embarrassantes (était il nécessaire de faire péter son personnage tout
au long du film pour désacraliser le corps des femmes ?), une certaine
complaisance un peu vulgaire dans son désir de cinéma vérité (la séquence jambes
écartées sur le siège du gynécologue), une symbolique tirée par les cheveux (le
sexe coupé) et un traitement de l’élément fantastique qui tombe à plat (le chœur
des hommes morts est complètement raté).
Dommage qu’elle n’ait pas saisi cet aspect
du film à bras le corps pour en faire le pendant féministe du Bernie de
Dupontel, un film coup de poing (ou dans son cas coup de pieds dans les burnes)
dans l’esprit de la Movida espagnole du début des années quatre-vingt.
Autre
temps, autres mœurs, Ces Femmes au balcon n’en demeurent pas moins attachantes
dans leur désir de liberté et leurs doigts tendus face à un patriarcat à l’agonie
mais encore suffisamment vivace pour que l’on ne baisse jamais les bras.