Le personnage de la nonne, au même titre
que les soldats nazis ou les prisonniers, fait l’objet d’un sous genre à part
entière du cinéma d’exploitation qui connut son zénith dans les années 70 à 80
en Europe et au Japon.
C’est donc dans la lignée de la nunsploitation et son cortège
de passages obligés (nonnes inquiétantes, couvent austère, châtiments corporels,
imagerie chrétienne) que Michael Mohan situe son nouveau film. Mais s’il
exploite à fond les codes du genre er tire le meilleur parti de ces lieux
cloitrés dissimulant les secrets les moins avouables, le réalisateur américain
ne se cantonne pas pour autant au film d’épouvante standard ponctués par les habituels
jump scares.
D’une durée salutaire d’à peine une heure trente, Immaculée dénote des
productions actuelles par un montage aussi discret qu’efficace qui déroule
habilement son histoire sans aucun temps mort.
Incarnés par une pléiade d’actrices
impeccables (seul Alvaro Morte semble se contenter du minimum syndical), les
personnages déambulent dans des couloirs sombres où les portes claquent et les
planchers grincent en plein milieu de la nuit. Mais malgré quelques effets convenus
destinés à faire sursauter le spectateur à un rythme de métronome, Immaculée ne
sombre que rarement dans la facilité et se hisse au-dessus des films d’horreur
habituel par une réalisation et une direction d’acteur maitrisées de bout en
bout.
Gentiment anticlérical à ses débuts, le film sombre dans sa dernière demi-heure
dans une rage nihiliste qui nous laisse pantois et haletant, souffrant avec une
héroïne hissée bien malgré elle au rang d’icone féministe pourfendeuse de l’autorité
ecclésiastique.
De son prologue jusqu’au dénouement final, Immaculée tient les
spectateurs en haleine et s’impose dés à présent comme l’une des meilleures
surprises horrifiques de ce début d’année.