Un groupe d’adolescents confrontés à une violence quotidienne et une menace diffuse dans une banlieue résidentielle américaine, un tueur cathartique qui symbolise à lui seul toutes les terreurs infantiles, la religion omniprésente, à la fois planche de salut et facteur d’exclusion, le tout vu et vécu à hauteur d’enfants qui font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir sans l’aide des adultes. Il règne un parfum connu sur ce film, et pour cause. Black Phone est l’adaptation d’un roman de Joe Hill, fils de Stephen King qui reprend avec justesse les thèmes qui ont cimenté la plupart des romans de son père.
Dans Black phone, les monstres sont partout. Au sein de la cellule familiale sous les traits pourtant familiers d’un père à la dérive, dans les couloirs du lycée où rodent des tyrans en puissance, dans les rues de la banlieue pavillonnaire, terrain de chasse d’un tueur en série kidnappeur d’enfants, dans la cellule de l’Attrapeur enfin, hanté par les âmes de ses précédentes victimes.
Solidement écrit et interprété, Black Phone doit sa réussite à la justesse avec laquelle le film dépeint ses jeunes protagonistes, cette capacité de se placer à leur hauteur et de nous faire vivre un quotidien parfois tout aussi éprouvant que la terreur inspirée par un croquemitaine glaçant.
A mi-chemin entre thriller pur, chronique adolescente et fantastique, Black Phone se démarque aisément des productions actuelles par ce refus des compromis, le film est psychologiquement éprouvant, une volonté évidente d’ancrer l’élément fantastique dans une réalité tangible et une véritable empathie envers une galerie de personnages écrits avec soin. Une belle réussite qui nous rappelle qu’outre la mise en scène et l’interprétation, la véritable réussite d’un film passe avant tout par l’écriture.