Exit Bruce Wayne, enter The Batman.
Très librement inspiré des récits de Jeph loeb et Tim Sale (Un long Halloween et Amère victoire) pour l’emprise de Carmine Falcone sur la ville et du Dark Knight Returns de Franck Miller pour la faune de Gotham City et l’assaut final, le film de Matt Reeves assume une noirceur inédite dans la saga du Chevalier Noir.
Gotham est une ville glauque et dangereuse noyée sous la pluie et gangrénée par une criminalité endémique qu’un justicier aux méthodes expéditives tente d’endiguer. Que ce soit dans les combats à main nue et les coups portés par Batman ou la bestialité avec laquelle The Riddler assassine ses victimes (sauvagerie d’ailleurs assez inédite pour ce personnage), The Batman revendique le coté le plus obscur du comics et s’en nourrit pour proposer une version résolument adulte du personnage. Mais la plus grande nouveauté réside dans la place accordée au vigilante au détriment de son alter égo public, Bruce Wayne qui n’apparait en pleine lumière qu’à travers une scène qui prendra assez vite un tour tragique pour laisser place au justicier masqué.
Point de fêtes mondaines et de playboy en costume donc, mais un Robert Pattinson totalement investi dans un rôle qui emprunte autant à l’icone de Bob Kane qu’au look d’Eric Draven, le personnage tragique de The Crow dans le chef d’œuvre gothique d’Alex Proya. Nous n’en dirons pas autant pour la figure pourtant centrale de Selina Kyle qui, si elle a le mérite d’assumer la bisexualité de son héroïne, reste peu aidée par des dialogues convenus et un manque d’épaisseur qui ne feront pas d’ombre au charisme animal de Michelle Pfeiffer ou à l’élégance de Anne Hathaway.
The Batman revisite le mythe du Chevalier Noir sans en bousculer les codes mais avec une maturité bienvenue et une vraie proposition de cinéma, encore une fois trop longue d’une bonne trentaine de minutes (l’intrigue autour du Riddler aurait gagnée à être concentrée) mais diablement enthousiasmante.