Mission Impossible représente aujourd’hui la seule franchise d’action – espionnage capable de tenir tête à l’agent 007, et les similitudes entre les deux sagas ne s’arrêtent pas là. Car la même année, les deux agents Ethan Hunt et James Bond vont devoir affronter leur Némésis à travers une organisation terroriste tentaculaire et toute puissante (Le Syndicat / Spectre).
Reprenant des ressorts similaires tout au long de leurs épisodes respectifs (le héros que tout le monde croit mort, la dissolution de l’équipe IMF / le retrait du permis de tuer de Bond) voire une structure narrative comparable avec un prologue forcement spectaculaire, un thème musical immédiatement reconnaissable, une succession de cascades toutes plus spectaculaires les unes que les autres ainsi qu’un voyage aux quatre coins du globe, les deux franchises ont aussi réussi à se renouveler et à développer des univers respectifs parfaitement cohérents. Car là où Bond reste un loup solitaire, les films s’orientant d’ailleurs de plus en plus vers une introspection et un questionnement sur la propre histoire de 007, la saga Mission Impossible reste empreinte du même message depuis ses origines : l’union fait la force.
Et c’est bien là l’habileté de Tom Cruise, interprète principal mais aussi producteur et colonne vertébrale de la série, que d’avoir su laisser la part belle à ses coéquipiers (le tournant pris dans ce sens par Brad Bird et son protocole Fantôme est ci totalement respecté). Ethan Hunt est certes le personnage principal, le centre des séquences les plus impressionnantes, mais il ne phagocyte pas le film pour autant, laissant tous les personnages secondaires, les nouveaux comme les anciens, exister à part entière. Il faut dire qu’entre Jeremy Renner, Simon Pegg et Ving Rhames pour l’équipe Mission Impossible, et Rebecca Ferguson ou Sean Harris pour les nouvelles têtes, le casting est soigné et impeccablement dirigé.
Ayant déjà fréquenté Tom Cruise sur Edge Of Tomorrow et Jack Reacher, Christopher McQuarrie assure avec ce nouvel opus un film d’action impeccable, alignant des scènes époustouflantes sans pour autant sacrifier la psychologie de ses personnages. Véritable moteur de la saga, la paranoïa, la traitrise et l’usurpation d’identité sont ici au cœur même de l’histoire. Témoin cette séquence spectaculaire à l’opéra de Vienne qui place un homme politique dans le viseur de tireurs, eux même surveillés par d’autres tueurs. La scène qui alterne plusieurs intrigues sur des niveaux différents (au propre comme au figuré) est brillamment construite et témoigne d’une véritable maitrise de la réalisation au service, non seulement de l’histoire, mais de l’essence même du film.
Ne tombant pas dans le piège du trop politiquement correct (les morts pleuvent, Ethan Hunt et Ilsa Faust en s’embrassent jamais, même si ce n’est pas l’envie qui leur en manque,…), généreux sans avoir la grosse tête, spectaculaire et parfois ironique (la gaufre d’Ethan quand il tente de sauter par-dessus le capot de sa voiture), Mission Impossible - Rogue Nation est un vrai bon moment de cinéma.
Alors oui, même si la barre est haute (mais ne l’était-elle pas après Protocole Fantôme ?), on redemande des épisodes d’une saga qui reste à la hauteur de sa réputation. Heureusement qu’il y a le prochain Bond pour patienter jusque-là...