dimanche 9 juin 2013

Only God forgives


Deux ans après Drive, Nicolas Winding Refn renoue avec ce qui avait fait le succès mérité de son précédent long métrage : son interprète principal Ryan Gosling et cette atmosphère si particulière faite de lenteur et d’explosions de violence qui atteint ici des sommets. Only God forgives se présente de prime abord comme une classique histoire de vengeance. Mais dès les premières images du film, nous comprenons que nous allons être embarqués dans un voyage bien plus complexe. L’histoire met en scène un triangle vénéneux qui s’affronte et n’aura de cesse de se détruire. Vénéneux est bien ce qui caractérise le mieux le personnage de Crystal, interprétée avec délectation par une Kristin Scott Thomas toujours impeccable. Et il faut tout son talent pour proférer tant d’atrocités avec autant de classe. Ryan Gosling campe Julian, son fils, un personnage désincarné qui entretient des relations troubles avec les femmes et qui traverse le film comme une âme en peine, un fantôme errant au milieu de nulle part. Son chemin va croiser un étrange policier magistralement incarné par Vithaya Pansringarm.
Ce qui caractérise le plus le film, outre une photographie soignée et une lenteur calculée, est sans conteste la noirceur des personnages et leur désir d’auto destruction.
Alors que Chang semble être le personnage le plus humain, notamment dans les relations qu’il entretien avec celle que l’on suppose être sa fille, il se montre d’une brutalité monstrueuse dés lors qu’il s’agit de faire parler des suspects, sans parler de sa conception toute personnelle de la justice. Il incarne un ange exterminateur que rien ne semble pouvoir atteindre. Son combat de boxe thaï avec Julian est à ce point impressionnant de sobriété et d’efficacité.
Julian lui, apparait comme un être complexe, presque passif qui ne semble pas avoir sa place dans ce monde. Quand il glisse sa main entre les cuisses de sa fiancée, ou dans le ventre du cadavre de sa mère, il semble revivre un retour dans le ventre maternel d’où, d’après sa mère, il n’aurait jamais dû sortir.
Crystal enfin est une femme autoritaire pour ne pas dire despotique qui entretient des relations troubles avec ses fils. Il faut la voir comparer le sexe de ses deux garçons à table ou caresser langoureusement le bras de Julian pour se faire une idée assez précise de sa conception de l’amour maternel.
Mise à part une affiche hideuse, il n’y a pas grand-chose à jeter dans ce film qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponse. Nicolas Winding Refn refuse encore une fois d’emprunter les sentiers battus de la narration classique et livre un film qui se vit comme un rêve tortueux, un voyage glacial peuplé d’anti héros, une quête onirique dont on ne comprend pas toujours le sens. On peut rester à la porte mais si on accepte de l’y accompagner, le voyage en vaut le détour.

Aucun commentaire: