Le film souffre en effet d’un scénario bancal qui déplace le centre d’intérêt de l’histoire là où on ne l’attendait pas forcement. La volte face de Marisa après l’agression de Rasul intervient en effet beaucoup trop vite pour être crédible. Elle passe de la haine à la compassion en quelques jours et change radicalement ses repères moraux. Tout cela donne une impression de superficialité et de raccourci scénaristique qui dessert l’histoire.
A l’inverse, le parcours de Svenja, adolescente en crise contre son père, qui s’engage dans le mouvement néo nazi de façon complètement irraisonnée, par pure opposition au modèle familiale que l’on veut lui imposer, est beaucoup plus intéressant. Il montre les motivations diverses de ces jeunes, et moins jeunes, qui composent le gros des troupes des partis extrêmes. Si certains sont engagés au nom d’une idéologie douteuse, beaucoup n’y voit qu’un moyen de se révolter contre une société dans laquelle ils ne se retrouvent plus.
Guerrière aurait pu être un film coup de poing, noir et rageur comme les protagonistes qu’il met en scène. Un scénario bancal ampute le film de son potentiel dramatique et réduit la formidable énergie d’Alina Levshin à un personnage de moins en moins crédible au fur et à mesure qu’elle s’achemine vers son destin. C’est dommage vu l’incroyable potentiel du film.