Quatre petites filles voient arriver dans leur école une nouvelle venue, Emili. Elles ont à peine le temps de sympathiser que cette dernière se fait assassiner. Toutes ont vu le visage du tueur, mais aucune ne semble pouvoir (vouloir ?) s’en souvenir. Folle de chagrin, la mère d’Emili leur promet qu’elles ne trouveront pas le repos avant que l’affaire ne soit résolue. Quinze ans plus tard, nous retrouvons deux d’entre elles devenues adultes. Des adultes qui semblent en effet porter leur fardeau comme une malédiction.
Initialement prévu pour la télévision japonaise, Shokuzai sort en salle en deux segments. Celles qui voulaient se souvenir suit donc le destin de Sae et Maki. Au risque d’aller à l’encontre de la presque totalité des critiques qui crient au chef d’œuvre, le premier segment qui conte l’histoire de Sae se fait sentir par sa longueur. Il renvoie au Guilty of romance de Sono Sion dans sa représentation de l’aliénation de l’épouse japonaise réduite à une fonction au mieux décorative par son mari. Sauf qu’il est aussi question de folie, une folie qui finira par emporter le mari et la femme vers un destin tragique. L’histoire de Maki, plus dynamique, est tout aussi tragique dans son déroulé. Les deux femmes réagissent différemment au traumatisme qu’elles ont vécu, mais aussi violemment l’une que l’autre. Alors que Sae refuse inconsciemment d’avoir des enfants et d’assumer son corps de femme, Maki devenue enseignante se montre d’une exigence maladive avec ses élèves. Deux façon de protéger les enfants du monde extérieur et de racheter leur faute ou ce qu’ils considèrent comme tel, n’avoir pas su empêcher le meurtre de la petite Emili.
Kiyoshi Kurosawa traite du souvenir et de la culpabilité, le mélange des deux aboutissant à un refoulement tragique. Avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur les adultes en devenir que sont ces quatre petites filles représentant autant de facettes de la société japonaise.
Essentiellement féminin, les hommes sont dérangés, agressif ou pleutres, ce premier segment de Shokuzai n’est pas exempte de défauts, mais il nous donne suffisamment de pistes à explorer pour que l’on se précipite sur la seconde partie.
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