Alors que le premier volet du film de Kioshi Kurosawa était axé sur le souvenir et la culpabilité, cette seconde partie traite de la vengeance et de la rédemption. Une vengeance incarnée par le personnage de la mère d’Emili, confrontée à ses propres démons et à ses responsabilités dans le dernier segment.
Nous retrouvons donc Akkiko et Yuka, les deux autres fillettes témoins du drame, devenues des femmes elles aussi, toutes aussi perturbées que Sae et Maki, et dont le destin sera aussi funeste. D’une jeune fille enfermée dans son monde à une arriviste prête à tout pour arriver à ses fins, la malédiction d’Asako n’épargnera personne, et surtout pas elle. Car le dénouement incroyable de l’histoire lui fera porter une responsabilité énorme dans la mort de sa fille. L’épilogue est d’ailleurs si tortueux que l’on peut y voir l’intervention des défunts dans les rencontres des personnages, leurs errances et les hasards qui vont les amener à commettre l’irréparable. Le film bascule alors dans un fantastique cher à la culture japonaise, les fantômes ne se manifestant que par l’intermédiaire des vivants dont ils orientent les actes.
Que reste-t-il de Shokuzai après plus de quatre heures trente de drame et de pathos ? Des plans de toute beauté, le réalisateur apportant un soin tout particulier à ses décors et à la façon dont il met en scène chaque détail, chaque personnage au sein d’un environnement de plus en plus épuré. Chaque plan ressemble à une photographie artistique qui témoigne de la souffrance et de l’errance des protagonistes. Une plongée dans l’inconscient de la société japonaise, faite de culpabilité et de refoulement, de désir de vengeance et du prix à payer pour racheter ses fautes. Une interprétation au cordeau et une réalisation parfaitement maitrisée. Une belle démonstration de la complexité des sentiments féminins alors que les hommes ne servent que de faire valoir et incarnent ce qu’il y a de plus bas chez l’être humain. Un voyage lent et hypnotique, à peine troublé par une utilisation décalée, pour ne pas dire complétement inappropriée de la musique en total désaccord avec les scènes qu’elles sont censées illustrer.
Shokuzai est une expérience qui se mérite de par sa durée et son rythme, et un voyage inoubliable pour ceux qui voudront bien se laisser embarquer.
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