mercredi 9 juillet 2014

Dragons 2

En 2010, Dragons des studios DreamWorks créait la surprise par le brio de sa réalisation virevoltante, des personnages solidement caractérisés et attachants, ainsi qu’un scénario adulte ne reculant devant aucune concession pour asseoir son propos (voir l’état dans lequel Harold se retrouve à la fin). Le succès aidant, une suite est mise en chantier pour aboutir à ce Dragons 2 quatre ans après. Porté par l’aura du premier opus mais ne bénéficiant plus de l’effet de surprise, le réalisateur Dean DeBlois se retrouve seul, son comparse Chris Sanders ayant quitté le navire. Cette suite tient-elle toute ses promesses ? 
Plus que jamais, le parallèle entre les dragons qui vivent désormais en parfaite harmonie avec les vikings, et ces derniers est évidente, peut-être trop. Alors que dans le premier épisode Harold parvenait à apprivoiser un jeune dragon estropié avant de se voir lui-même amputé d’un pied, les analogies entre les humains et les dragons sont ici encore plus frappantes et viennent appuyer des thèmes classiques des films d’animation. 
(Attention SPOILERS) 
Ainsi, la mort du dragon Alpha ne vient qu’annoncer celle du père d’Harold. De même, Krokmou s’impose comme le nouveau roi des dragons au moment même où Harold accepte enfin son rôle de chef. Le propos, effleuré dans le premier épisode devient ici un peu plus accentué. De même, alors que dans lors de leur première rencontre, Harold et Krokmou vivaient des aventures assez linéaires, on assiste ici à une abondance de péripéties (la mère d’Harold, Drago) et un thème principal qui est le passage d’Harold du monde de l’enfance à l’âge adulte. Pour cela, il doit prendre la place de son père au moment même où sa mère disparue depuis des années ressurgie du passé (le complexe œdipien affleure), et à l’image de Krokmou, affronter de nombreuses épreuves afin d’accéder au statut de chef et surtout de s’accepter en tant que tel. 
(Fin des SPOILERS) 
La réalisation est toujours aussi fluide, le placement de la caméra et les angles de prises de vue (si l’on peut parler ainsi pour un film d’animation) sont toujours aussi pertinents, particulièrement pendant les scènes de vols qui sont d’une beauté époustouflantes. 
S’il ne renie pas ses influences, Dean DeBlois cite ouvertement Avatar quand on découvre l’antre des dragons menés par Valka, et va chercher du côté de chez Guillermo del Toro (d’ailleurs remercié dans le générique de fin) et son Pacific Rim pour l’aspect du Leviathan. On pense aussi aux peintures de Segrelles lors de la première apparition d’Harold casqué et harnaché, comme le Mercenaire du dessinateur espagnol sur son propre dragon. 
Techniquement toujours aussi bon, un peu en dessous de son modèle original pour ce qui est du scénario, Dragons 2 reste un film d’animation bien au-dessus de la moyenne qui ouvre la porte sur une inévitable suite.

lundi 7 juillet 2014

Big Bad Wolves

Prenons une louche de Prisoners pour le thème principal, une pincée de Fargo pour l’humour grinçant et des personnages aussi bêtes que dangereux, et un soupçon de Reservoir Dogs pour le huit clos et les scènes de torture. Accommodons le tout à la sauce israélienne et nous obtenons Big Bad Wolves, le film de l’année (dernière) pour Quentin Tarantino. 
Si cette caution apporte une publicité bienvenue au film, elle peut vite devenir écrasante, suscitant des espoirs qui, hélas, ne seront pas comblés. Car si Big Bad Wolves est certes une comédie très noire traversée par des scènes frappantes (la lecture des sévices infligées aux gamines est sérieusement gratinée) et des idées ingénieuses (la place de la caméra lors de la découverte du corps de la petite fille par exemple), on peut se demander si le film aurait trouvé les portes d’une distribution nationale sans l’adoubement d’un Tarantino que l’on a connu plus inspiré dans ses choix. 
Le scénario, assez malin mais néanmoins prévisible, utilise à répétition le même gimmick (le téléphone qui sonne au milieu d’un scène de tenson), ressasse des clichés un peu usés (la mère juive), et n’ose pas aller au bout d’un discours un tant soit peu politique avec le personnage de l’arabe traversant le film sur son cheval sans bien savoir ce qu’il fait là. Certains ont vus dans le film une critique de la société israélienne et de la paranoïa dans laquelle elle s’enferme un peu plus chaque jour. 
(Attention SPOILERS) Si cette société est incarnée par les personnages des tortionnaires, force est de constater que les réalisateurs ne font qu’enfoncer le clou puisque, aussi discutables que puissent être leurs méthodes, on découvre à la fin qu’ils ont raison (Fin du SPOILERS). 
Ne cherchons donc pas de message là où il n’y en a pas. Big Bad Wolves se montre suffisamment féroce et ne recule devant aucun excès pour susciter la sympathie. Passons quelques erreurs (le professeur ressort quasiment indemne de son premier passage à tabac pourtant méchant), des lourdeurs répétitives et un scénario tortueux qui ballade le spectateur pour au final l’emmener vers une fin pas aussi surprenante que cela. 
N’en déplaise à Quentin Tarantino, Big Bad Wolves n’est pas, et de loin, le film de l’année mais reste néanmoins une comédie d’une noirceur peu commune qui fera surement grincer quelques dents.

jeudi 12 juin 2014

Edge of Tomorrow

Après la mauvaise surprise que fut Oblivion, on ne pouvait qu’être septique devant la nouvelle incursion de Tom Cruise dans la science-fiction. A tort. Car Edge Of Tomorrow, s’il reste un spectacle relativement aseptisé, remplit toutes ses promesses. 
Pompant allégrement le concept d’Un jour sans fin, l’histoire suit le parcours du commandant William Cage qui, pris dans une boucle temporelle, ne cesse de revivre encore et toujours la même journée. Sauf que les marmottes du film d’Harold Ramis sont ici remplacées par des aliens belliqueux bien décidés à envahir la Terre, et que pour recommencer sa journée à zéro, William Cage doit mourir. 
Fort de ce principe audacieux, le film déroule un scénario qui aurait pu sombrer dans la répétition ou tourner en rond. Il n’en est rien et c’est tout à l’honneur du réalisateur que de mettre en scène intelligemment une histoire pour le moins alambiquée et truffée de chausses trappes. Parfaitement maitrisé d’un point de vue scénaristique et porté par une interprétation sans faille, Emily Blunt et Tom Cruise en tête, Edge Of Tomorrow va chercher ses références dans de glorieux modèles tels que Aliens pour les exo squelettes, Starship Troopers ou Gears of War pour l’aspect belliqueux et guerrier. 
Si le film n’est pas exempt de quelques défauts comme l’aspect un peu trop lisse des aliens réalisés en images de synthèse et un bon quart d’heure de trop, Edge Of Tomorrow illustre à merveille le concept de la boucle temporel, jusqu’à un dénouement heureux qui pour une fois est en cohérence avec le reste de l’histoire. Tordu mais limpide dans sa narration, nerveux et fun avec des pointes d’humour bienvenues, porté par Tom Cruise sans autant être un véhicule à la gloire de la star, Edge Of Tomorrow est un spectacle total, un poil trop long mais diablement réjouissant.

dimanche 8 juin 2014

The Rover

La première scène de The Rover donne tout de suite le ton de ce qui va suivre. On y voit Eric, interprété par un Guy Pearce hagard, en un long plan fixe contemplatif. C’est le mode de narration que va choisir David Michôd pour raconter l’étrange périple post apocalyptique de deux hommes que tout, à priori, oppose. 
Dans une Australie ravagée par on ne sait quelle crise ou conflit, règne la loi du plus fort. Même si l’on y croise encore ce qui ressemble de près ou de loin à des forces de l’ordre ou des militaires, la plupart des crimes restent impunis, du moins par les institutions. Car l’adage œil pour œil, dent pour dent est plus que jamais d’actualité, et la vie humaine n’a que peu de valeur dans cette société déliquescente. Pourtant, on est encore loin du monde sauvage dominé par une anarchie brutale des Mad Max, du Livre d’Eli ou encore de La Route. 
Plutôt que de verser dans l’anticipation pure et dure, le réalisateur ancre son récit dans un monde qui pourrait être celui des premiers colons du Far West ou du bush australien. Un monde dominé par la loi du plus fort mais encore structuré par un minimum de règles sociales. Car ce qui intéresse davantage David Michôd c’est le parcours de ses personnages, leur cheminement intérieur autant que leur voyage à l’issu forcement tragique. 
Porté par un Guy Pearce toujours aussi habité par son rôle et par une photographie sublime mettant en valeur la moindre parcelle de lumière de ces paysages désertiques écrasés de soleil, le film portait en lui les germes d’un road movie sec et violent en constant équilibre sur le fil ténu de la folie. Mais c’est sans compter une lenteur qu’il faut être prêt à accepter pour faire partie du voyage. 
David Michôd ne connait pas le sens du mot ellipse et c’est peu de le dire. Quand un personnage est perdu dans ses pensées pendant dix minutes, le réalisateur le filme en plan fixe pendant le temps imparti. On peut trouver cela hypnotique, contemplatif, ou tout simplement ennuyeux. Nul doute en tout cas que le film aurait gagné à être plus rythmé sans pour autant perdre sa profondeur et son charme, au contraire. En se voulant trop introspectif, David Michôd prend le risque de laisser pas mal de spectateur sur le bord du chemin.

vendredi 30 mai 2014

Days of Future Past

Les toutes premières images du film nous envoient dans un futur apocalyptique, un monde en ruine ravagé par des guerres incessantes où des engins gigantesques charrient des tombereaux de cadavres dans des décharges à ciel ouverts. Cela pourrait être l’univers de Terminator dominé par Skynet mais il n’en est rien. C’est le futur tel qu’il sera suite à une guerre ouverte entre humains et mutants, une guerre déclenchée par le meurtre de Bolivar Trask, futur créateur des Sentinelles par Mystique. Sauf si les mutants rescapés du futur peuvent empêcher cet évènement en envoyant l’un des leurs dans le passé. Le futur cauchemardesque n’est donc pas le seul point commun entre ce nouvel épisode des X Men et la saga des Terminator puisque le voyage dans le temps est l’un des axes principaux du film qui nous promène entre différentes époques. 
Days of Future Past fait donc le lien entre X Men First Class et la première trilogie en conviant chaque génération de mutants pour une aventure à cheval entre passé et futur. Et c’est bien là la grande force de Bryan Singer que de construire film après film (en tant que réalisateur ou producteur) une saga d’une cohérence incroyable, où chaque épisode s’imbrique dans le suivant avent de remettre en cause en un film tout ce que nous venons de voir précédemment. Car sans en dévoiler la fin, le film se conclue dans une réalité découlant d’un passé modifié qui rend caduque absolument tous les précédents films. Logan n’a plus de griffes ni d’ossature en adamantium, Jean Grey n’est pas devenu le Phénix Noir, et ainsi de suite. Il faut un sacré culot pour ainsi déconstruire une saga entière et poser comme nouvelle pierre fondatrice ce qui n’aurait pu être qu’une réalité parallèle. 
X men s’impose donc comme la saga la plus aboutie et passionnante de l’écurie Marvel, même si Days of Future Past n’est peut-être pas l’épisode le plus réussi. Alors que dans First Class Matthew Vaughn parvenait à équilibrer l’ensemble de ses personnages avec un sens de la mise en scène admirable, le foisonnement des mutants présents dans Days of Future Past impose forcement des choix. Bryan Singer met en avant bien évidemment Magnéto et Xavier entourés de Wolverine, Mystique, le Fauve, Vif Argent et un William Stryker en devenir. Tornade, Kitty Pride, Iceberg et tant d’autres ne font que de la figuration, alors que Cyclope et Diablo pour ne citer qu’eux disparaissent carrément du casting. 
Si le film souffre d’une certaine lenteur au milieu de l’histoire, le réalisateur nous rappelle tout de même qu’il maitrise les scènes d’action comme nul autre (la scène d’ouverture de l’attaque des Sentinelles est à ce titre exemplaire) et qu’il sait parfaitement distiller une bonne dose d’humour quand il le faut (avec entre autre le personnage du Vif Argent). 
Fidèle à sa réputation de saga adulte, X Men traite de sujets graves (la discrimination entre humains et mutants renvoyant aux heures les plus noires de la Seconde Guerre Mondiale, l’utilisation politique des forces militaires) et ancre son histoire dans la grande Histoire. C’est d’ailleurs ce qui fait l’une des grandes forces du film et qui accentue son ancrage dans l’esprit du spectateur. Voir Magnéto lié de près ou de loin aux évènements de Dallas, évoquer la crise des missiles de Cuba ou la vraie nature de JFK est non seulement malin mais nécessaire pour la dimension politique du film qui ne se cantonne pas à un simple divertissement pyrotechnique. 
La scène post générique annonce ce qui devrait être le dernier volet d’une saga unique en son genre. Malgré les déclarations péremptoires des producteurs qui annoncent un film catastrophe « à la Roland Emmerich », faisons confiance à Bryan Singer pour conclure en beauté l’une des adaptations les plus réussies de super héros à l’écran.

dimanche 18 mai 2014

Godzilla

Attention, cet article contient des spoilers, il est préférable d’avoir vu le film avant de le lire. 

Après avoir enflammé un peu rapidement la toile avec ses premiers trailers, la bête se dévoile enfin sur grand écran. Pour quel résultat ? 
Gareth Edwards n’est jamais aussi bon que quand il filme l’infiniment grand ou le profondément intime. En effet, la première partie du film repose en grande partie sur les liens filiaux qui unissent les personnages et sur une menace à peine suggérée qui aura des conséquences désastreuses sur les destinées de chacun. Le réalisateur choisit d’ailleurs de rapidement couper court à cette atmosphère pourtant prometteuse en confiant à Juliette Binoche l’un des rôles les plus courts de sa carrière, tandis que Bryan Cranston gagnera à peine quelques minutes supplémentaires à l’écran. C’est d’autant plus dommage que la scène de contamination durant laquelle Joe Brody condamne involontairement sa femme et ses collègues à une mort certaine est d’une rare intensité. Suite à la disparition de ces personnages fondateurs pour la suite, place à l’action (les militaires) et à la nouvelle génération (Aaron Taylor-Johnson en mode martial, Elizabeth Olsen assez improbable en mère de famille du haut de ses vingt-cinq ans). 
Le film se positionne alors sur une voie beaucoup plus conventionnelle mettant en scène l’éternelle divergence de point de vue entre les scientifiques désireux d’étudier, sinon de protéger les créatures, et les militaires toujours promptes à dégainer l’arme nucléaire pour régler le problème. Un fil conducteur classique donc, mais néanmoins brillamment mis en scène par un réalisateur visiblement amoureux des créatures gigantesques qu’il filme. A l’instar d’un Guillermo del Toro et de son Pacific Rim, Gareth Edwards prend un plaisir évident à filmer les affrontements monstrueux de Godzilla et des deux autres créatures au milieu de villes américaines et japonaises transformées en champ de ruines et en cimetières géants. Visiblement soucieux de respecter ses ainés, le réalisateur multiplie les clins d’œil, volontaires ou non. 
On passe ainsi de Jurassic Park et l’apparition du Tyrannosaure (lorsque le chauffeur de bus découvre l’arrivée de Godzilla sur le pont à travers sa vitre), à Pacific Rim (les affrontements titanesques des créatures antédiluviennes) en passant par le King Kong de Peter Jackson (la mise à mort de la créature femelle par Godzilla renvoie directement à celle du T Rex par le grand singe) et Aliens (le climax de la découverte du fossile géant au tout début, la créature femelle qui pond ses œufs à la fin). Cette nouvelle version de Godzilla assure donc pleinement sa part du spectacle sans pour autant sacrifier le point de vue des personnages et leur part d’humanité. 
Cela en fait-il un film réussi pour autant ? Revenons à la première apparition du Godzilla en 1954, soit moins de dix ans après les traumatisants bombardements nucléaires du Japon. La créature filmée par Ishiro Honda symbolise alors la peur du nucléaire tout autant qu’une nature toute puissante que l’homme ne pourra jamais asservir. Dans la version de 2014, le point de vue est tout autre. Godzilla nous est présenté comme un dinosaure survivant depuis des milliers d’années. Alors que dans le film original Godzilla était la résultante des essais nucléaires, il en est ici la victime et se rapproche davantage des multiples séquelles qui ont fait les beaux jours de la Toho dans les années soixante et soixante-dix, à savoir un monstre finalement sympathique qui défend l’espèce humaine contre d’autres prédateurs beaucoup plus agressifs. 
Le film se conclut sur une image surréaliste voyant la bonne grosse bête retourner tranquillement dans l’océan après avoir sauvé notre civilisation de monstres carburant à l’énergie atomique (il faut les voir gober des ogives nucléaires comme des olives), non sans avoir dévasté des villes entière. On s’attendrait presque à le voir nous adresser un clin d’œil complice avant de plonger les abimes jusqu’à un prochain épisode tributaire de ses résultats au box-office. 
Le réalisateur, ou les studios, mais le résultat est le même, choisit donc la voie du blockbuster sans se préoccuper une minute de la nature même du mythe qu’il reprend. C’est dommage car le film est truffé de moment de grâce et Gareth Edwards avait tout pour se hisser au niveau de Pacific Rim.

vendredi 9 mai 2014

Sabotage

Loin du second degré et de l’action somme toute assez aseptisée d’Expendables, Sabotage constitue pour Arnold Schwarzenegger son premier film d’action hard boiled depuis son retour aux affaires. Ce qui n’en fait pas pour autant un bon film. David Ayer ayant précédemment œuvré sur des films très recommandables, il revient ici à ce qu’il connait le mieux, c’est-à-dire l’intrigue policière tordue et le film de commando d’élite (il a été scénariste sur SWAT). On pouvait dès lors imaginer que Sabotage marquerait le vrai retour de Schwarzenegger sur le devant de la scène, comme ce fut le cas pour Stallone avec le très réussi John Rambo. Hélas il n’en est rien. Non pas que le film soit dénué de qualités certaines, loin de là. Il s’offre déjà une distribution solide autour de l’inoxydable Arnold, dont l’interprétation se résume à trois expressions, le meilleur personnage revenant à un Sam Worthington méconnaissable en agent d’élite de la DEA. L’équipe de John "Breacher" Wharton est donc constituée de vraies gueules complétement raccord avec leurs interprètes. 
Peu avare en scènes d’action, le réalisateur a le mérite de les filmer de manière claire et frontale. Le film verse d’ailleurs régulièrement dans le gore quand les têtes éclatent sous l’impact des balles, que les tripes des victimes pendent du plafond ou que le sang gicle sur les murs. Sabotage est à ce niveau d’une brutalité assumée, ce qui s’ajoute à une caractérisation des personnages et une absence de morale assez peu commune également. Sans trop en dévoiler, le personnage de leader interprété par Schwarzenegger porte la responsabilité de tout ce qui arrive à son équipe, et c’est peu dire que le poids en est lourd à porter. 
D’une noirceur totale jusque dans son dénouement final, Sabotage fait endosser à Schwarzenegger un rôle au final peu reluisant. Tout cela aurait pu suffire à en faire un film diablement intéressant. Hélas, c’est sans compter deux handicaps de poids qui tirent irrémédiablement le film vers le bas. 
Le premier est le scénario, alambiqué et tortueux au point que l’on a du mal à suivre les multiples dénouements de l’histoire. Plus qu’une intrigue complexe, on a l’impression de voir passer des bribes d’histoires que les scénaristes auraient eues du mal à coller entre elles. 
Le deuxième problème vient des dialogues, tour à tour ridicules (la palme revient au personnage du détective Caroline Brentwood interprété par Olivia Willams particulièrement bien servie en répliques qui tuent) au caricatural (les échanges entre John "Breacher" Wharton et son équipe testostéronée).
C’est d’autant plus dommage que le film assume sa violence mais pas sa noirceur, et devient de ce fait un film d’action basique se caricaturant lui-même avant de perdre en route bon nombre de spectateurs.