La première scène de The Rover donne tout de suite le ton de ce qui va suivre. On y voit Eric, interprété par un Guy Pearce hagard, en un long plan fixe contemplatif. C’est le mode de narration que va choisir David Michôd pour raconter l’étrange périple post apocalyptique de deux hommes que tout, à priori, oppose.
Dans une Australie ravagée par on ne sait quelle crise ou conflit, règne la loi du plus fort. Même si l’on y croise encore ce qui ressemble de près ou de loin à des forces de l’ordre ou des militaires, la plupart des crimes restent impunis, du moins par les institutions. Car l’adage œil pour œil, dent pour dent est plus que jamais d’actualité, et la vie humaine n’a que peu de valeur dans cette société déliquescente. Pourtant, on est encore loin du monde sauvage dominé par une anarchie brutale des Mad Max, du Livre d’Eli ou encore de La Route.
Plutôt que de verser dans l’anticipation pure et dure, le réalisateur ancre son récit dans un monde qui pourrait être celui des premiers colons du Far West ou du bush australien. Un monde dominé par la loi du plus fort mais encore structuré par un minimum de règles sociales. Car ce qui intéresse davantage David Michôd c’est le parcours de ses personnages, leur cheminement intérieur autant que leur voyage à l’issu forcement tragique.
Porté par un Guy Pearce toujours aussi habité par son rôle et par une photographie sublime mettant en valeur la moindre parcelle de lumière de ces paysages désertiques écrasés de soleil, le film portait en lui les germes d’un road movie sec et violent en constant équilibre sur le fil ténu de la folie. Mais c’est sans compter une lenteur qu’il faut être prêt à accepter pour faire partie du voyage.
David Michôd ne connait pas le sens du mot ellipse et c’est peu de le dire. Quand un personnage est perdu dans ses pensées pendant dix minutes, le réalisateur le filme en plan fixe pendant le temps imparti. On peut trouver cela hypnotique, contemplatif, ou tout simplement ennuyeux. Nul doute en tout cas que le film aurait gagné à être plus rythmé sans pour autant perdre sa profondeur et son charme, au contraire. En se voulant trop introspectif, David Michôd prend le risque de laisser pas mal de spectateur sur le bord du chemin.
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