Tout
commence par une scène à priori anodine dans le métro de Tokyo. Une jeune mère
dont le bébé pleure bruyamment se fait agresser verbalement par un homme dans l’indifférence
générale. Et c’est bien l’indifférence ou plutôt l’attention portée aux autres
et à son environnement proche qui sera la clef de l’une des multiples portes de
sortie d’Exit 8.
Catapulté dans les couloirs déserts du métro alors qu’il vient
d’apprendre qu’il va devenir père, si toutefois il accepte d’endosser cette
responsabilité, un homme déambule dans ce qui ressemble à une boucle sans fin
régie par une loi aussi simple qu’impitoyable. S’il décèle une anomalie autour
de lui il doit faire demi-tour, dans le cas contraire il continue d’avancer pour
accéder au niveau suivant jusqu’à la fameuse sortie 8. En cas d’erreur il
revient à son point de départ, prisonnier de ces interminables couloirs qui
tournent sur eux même.
Adaptation d’un jeu vidéo basé sur le même concept, le
film de Genki Kawamura s’ouvre et se conclut sur le boléro de Ravel, une boucle
musicale reprise par différents instruments, et ce n’est que l’un des multiples
indices et clefs de compréhension d’un long métrage qui invite le spectateur à
participer activement à la quête du, ou plutôt des protagonistes principaux.
Débutant par une vue subjective en plan séquence pour ensuite nous placer au
coté des personnages, Exit 8 traduit à la perfection le statut des fameux PNJ
des jeux vidéo, ces personnages non jouables dont la fonction première est de
faire avancer la quête du héros en lui apportant des informations clefs.
Expérience
cinématographique aux multiples ramifications, Exit 8 pourrait tout aussi bien être
une vision de l’Enfer où errent les âmes en peine, une allégorie de nos
sociétés modernes où l’indifférence nous condamne à une vie vide de sens ou la représentation
d’un utérus duquel nous restons prisonniers jusqu’au jour de notre naissance.
Injonction
au refus de l’indifférence et au manque d’attention envers notre prochain
ponctué de visions horrifiques aussi fugitives que marquantes, Exit 8 réussit
le pari de la représentation intelligente de l’essence même du jeu vidéo et d’une
réflexion ludique sur nos sociétés repliées sur elles même, tout en abordant la
question de la paternité et des responsabilités qu’elle implique.
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