Les batailles se succèdent, une
révolution chasse l’autre et les illusions se perdent dans les fumées des gaz
lacrymogènes.
Ancien artificier dans une organisation révolutionnaire, Bob vit
seul avec sa fille, sa défonce quotidienne et sa paranoïa. Perfidia Beverly
Hills, son amante et mère de Willa, ancienne égérie des French 75, s’est enfuie
du jour au lendemain, tout comme ses idéaux et la flamme qui l’animait. Alors
quand sa fille disparait après une descente de police menée par le bien barré
colonel Steven J. Lockjaw, Bob se lance dans une dernière quête désespérée pour
la retrouver, épaulé par le toujours zen Sensei Sergio.
Avec cette nouvelle
adaptation du roman de Thomas Pynchon, Paul Thomas Anderson continue sa
radiographie de l’Amérique en renvoyant dos à dos les mouvements armés
d’extrême gauche et les milices fascisantes au service d’une droite raciste et
suprémaciste.
Menée tambour battant, cette épopée de deux heures quarante cinq
se vit à cent à l’heure aux cotés de personnages tous plus cintrés les uns que
les autres qui se raccrochent encore à des luttes illusoires. Celles d’un monde
plus juste ou plus blanc selon le côté duquel on penche, avec pour constante un
regard désabusé sur la valeur du sacrifice.
Paul Thomas Anderson mélange les
genres pour nous offrir l’un ce des moments de cinéma particulièrement
réjouissants, porté par des acteurs au meilleurs de leurs formes pour incarner
des personnages cabossés qui s’écrasent contre le mur du réel alors que la société
qu’ils fantasmaient devient de plus en plus illusoire.
Mais malgré un ton résolument
tourné vers la comédie souvent grinçante, malgré l’étincelle d’espoir porté par
la lumineuse Chase Infiniti, le film de Paul Thomas Anderson témoigne au final
d’un profond pessimisme quant à la situation actuelle.
Les Révolutions du passé
ne perdurent plus qu’au travers de résistances erratiques bien vite étouffées
par un nouvel ordre d’extrême droite dont les ramifications s’étendent aux plus
hautes sphères du pouvoir.
C’est alors qu’Une bataille après l’autre prend une
tournure prémonitoire et se révèle, par-delà le spectacle, un miroir
particulièrement inquiétant du monde actuel.
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