samedi 24 février 2024

Sleep

L’ennemi intime. Depuis que son mari est sujet à des crises de somnambulisme, Soo-jin ne dort plus. De comportements étranges à des pulsions suicidaires, Hyun-su devient dans son sommeil un étranger au sein de son propre foyer, un inconnu de plus en plus menaçant pour sa femme, son chien et bientôt leur nouveau-né. 
Entre les impasses de la médecine et la tentation de l’occulte, Soo-jin se sent peu à peu basculer dans une angoisse irrépressible dont elle ne perçoit pas l’issue pour elle et sa famille. 
Grand prix du dernier festival international du film fantastique de Gérardmer, le premier film du coréen Jason Yu entremêle adroitement les codes de la comédie grinçante voire franchement morbide proche du Parasite de Bong Joon-ho dont il fut par ailleurs l’assistant, et le film de pure épouvante plongeant ses racines dans le home invasion et le récit de fantôme indissociable de la culture asiatique. 
Métaphore d’un couple au bord de l’explosion et d’un pays divisé depuis des dizaines d’années, Sleep alterne les séquences de jour et de nuit, basculant d’un portrait en creux de la classe moyenne coréenne à une ambiance inquiétante quand l’être aimé se mue en menace mortelle. 
Habilement mené et porté par deux acteurs incarnés dont le regretté Sun-kyun Lee récemment décédé et à la mémoire duquel le film est dédié, Sleep aurait gagné en puissance à conserver cette ambiguïté sur laquelle repose une grande partie de l’intrigue sans proposer au spectateur une explication trop évidente. 
Jason Yu signe un premier film parfaitement maitrisé et demeure l’une des figures montantes d’un cinéma coréen décidemment plein de promesses.

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