Si on ne pense pas forcément au Portugal
quand on évoque le cinéma fantastique européen, le nouveau film du réalisateur Gabriel
Abrantes s’est néanmoins fait remarquer au trente et unième festival de
Gerardmer en remportant le prix du jury exæquo avec le franco-belge En attendant
la nuit.
Et c’est bien dans la grande tradition des films horrifiques les plus
classiques (demeure mystérieuse, malédiction familiale, sorcellerie, villageois
hostiles) que se situe cette plongée en enfer pour Ed, jeune new-yorkais
orphelin depuis sa naissance lorsqu’il découvre sa nouvelle famille au fin fond
du Portugal. Après l’émoi des retrouvailles, sa petite amie Ryley commence à
trouver sa nouvelle belle mère et son beau frère vraiment flippants. Et pour
cause.
S’il utilise toutes les ficelles des codes horrifiques, Gabriel Abrantes
n’en oublie pas moins d’instiller une bonne dose de perversion dans cette
histoire de quête de jeunesse éternelle sur fond d’inceste et de sacrifice d’enfant.
Pression psychologique avec une montée en tension efficace et horreur physique
lorsque l’on découvre cette figure maternelle défigurée par la chirurgie
esthétique (le pendant moderne et sarcastique des sacrifices de vierges pour
rester éternellement jeune), Amelia’s Children joue surtout avec une inversion
des rôles pour prendre le spectateur à contre-pied. Témoin cette scène d’introduction
où le véritable danger ne vient pas forcément de là où on l’attend, et le duo
Ed et Ryley dont les stéréotypes masculins et féminins s’inversent
continuellement (Ed est sujet à des crises de panique et passe son temps à être
secouru tandis que sa fiancée endosse le rôle de l’héroïne qui pète des genoux
à coups de marteau).
Malgré un déroulé un tant soit peu prévisible, une
réalisation convenue et quelques zones d’ombres dans le scénario, Amelia’s
Children n’en demeure pas moins un film d’angoisse efficace qui explore avec
une certaine impertinence les sentiers battus d’un genre horrifique qui ne
demande qu’à se renouveler.
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