mardi 12 mai 2015

Hyena

Dès les premières minutes du film, Gerard Johnson impose son style, violent et agressif, comme les protagonistes de l’histoire qu’il déroule devant nos yeux. Bande son envahissante ou carrément absente, lumières crues et fumigènes, le réalisateur nous plonge dans un Londres fantasmé, ville cosmopolite et tentaculaire qui ne semble vivre que de nuit et où toutes les exactions sont possibles.
 Trafic de drogue, proxénétisme et trafic de femmes, meurtres sauvages et trahisons, c’est à un véritable catalogue des toutes les perversions humaines que nous convie le cinéaste. C’est au milieu de cette fange qu’évolue Michael Logan, officier de police corrompu, drogué et alcoolique qui se débat comme il le peut avec les fantômes de son passé, et pour qui l’équipe de flics avec laquelle il partage son quotidien semble être la seule véritable famille. 
Il y a du Vic Mackey chez ce flic dont la bande de policiers ripoux n’est pas sans évoquer The Shield. Et ce n’est pas la seule image qui nous vient à l’esprit au fur et à mesure que se déroule les évènements qui vont précipiter le destin de cet homme aux tendances autodestructrices. A mi-chemin entre Pusher et Bad Lieutenant, Hyena convoque le cinéma mean stream avec une caméra embarquée qui colle au plus près de ses personnages. 
S’il ne recule devant aucun tabou (le calvaire subi par la comptable des frères Karachi est d’une violence physique et psychologique marquante), Gerard Johnson ne tombe pas pour autant dans le piège de la surenchère, la plupart des scènes de meurtres se déroulant hors champs. C’est donc une excellente surprise que ce Hyena, du moins jusqu’au dernier plan qui laisse le spectateur un peu décontenancé. 
Partant du principe que le plus difficile dans une histoire est la fin, le réalisateur choisit purement et simplement de ne pas en mettre. Autant une fin ouverte peut être délicieuse (et à mon avis souvent souhaitable), autant un plan cut aussi abrupt a toutes les chances de frustrer le spectateur. Ce qui fonctionnait admirablement pour le final des Soprano ne colle pas pour ce film qui aurait mérité un peu plus d’accompagnement vers un final que l’on devine tout de même apocalyptique.

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