Disons le tout de suite, Mad Max : Fury Road est une tuerie. Sans abuser de CGI par ailleurs pour une fois parfaitement intégrés à l’image, George Miller repousse (loin) les limites du film d’action en livrant une œuvre presque parfaite.
Cascades toutes plus impressionnantes les unes que les autres, plans minutieusement composés et image travaillée à l’extrême, ce quatrième opus du guerrier de la route est un spectacle total, une débauche de feu et de tôle déchirée dans un paysage désertique hanté par des personnages hauts en couleur. Car une fois encore le réalisateur assume totalement l’univers post- apocalyptique qu’il a tant contribué à populariser.
Que ce soit au niveau des véhicules, de la caractérisation visuelle des personnages ou des lieux, tout contribue à porter aux nues un genre que l’on pensait depuis longtemps délaissé. Donc oui, Fury Road est un festival visuel absolument jouissif, une réussite formelle incontestable et une vraie déclaration d’amour au film de genre qui s’assume. Mais en réfléchissant deux secondes, ce n’est rien d’autre que le remake sur vitaminé de Mad Max 2.
Poussant à l’extrême le concept qui l’a fait connaitre (nombre de spectateurs pensent immédiatement à la fameuse poursuite final de Mad Max 2 quand on évoque la saga), George Miller en réalise la version longue et boostée sans y apporter beaucoup de matière supplémentaire. Certes les idées nouvelles sont légions (les lanciers, les trois seigneurs se partageant l’eau, le pétrole et les balles, le personnage de Furiosa, la tempête de sable, les War Boys,…) mais le fond reste le même. On assiste à une gigantesque couse poursuite entre un Max plutôt effacé et une bande de punks dégénérés au service d’un gourou para militaire. Car l’une des grosses différences entre Fury Road et Mad Max 2 réside justement dans le personnage de Max.
Attendu au tournant, Tom Hardy ne démérite jamais mais il est loin de l’anti héros égoïste du deuxième épisode de la saga incarné par un Mel Gibson autrement plus habité par son rôle. Le Max original n’aidait son prochain que si cela lui rapportait quelque chose (je suis là pour l’essence). Il n’était pas nécessaire d’avoir recours à des flashes back récurrents, et au final un peu lourds, pour montrer un homme brisé, vide et hanté par un passé qui ne le quittera jamais. Le Max de Fury Road se rallie (trop) vite à la cause de Furiosa et de ses protégées. On est loin du guerrier solitaire qui devient une légende à la fin de Mad Max 2.
Souffrant de quelques baisses de rythme, notamment lors des retrouvailles de Furiosa et de ce qu’il reste de sa tribu, Fury Road se concentre donc sur la force de ses images sans prendre la peine de renouveler le mythe du guerrier de la route. Le résultat n’en est pas moins jouissif, mais on peut se demander si la grande majorité de tous ceux qui crient au chef d’œuvre ultime ont vu Mad Max 2 sur grand écran. Copiant son modèle parfois plan par plan (l’accident de Max au départ, l’attaque du camion-citerne, les amazones), Fury Road est surement ce qui se fait de mieux depuis longtemps en construction d’action.
On pourrait passer des heures à décortiquer des plans travaillés au millimètre et à disséquer des cascades parmi les plus impressionnantes jamais vues sur un écran. Dommage qu’il lui manque la présence qui faisait des deux premiers films des classiques instantanés. Il n’y a plus qu’à espérer que George Miller ne tombe pas dans le piège de la surenchère pour les suites qu’il annonce déjà.
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