Marche ou crève est l’un, sinon le
premier roman écrit par Stephen King dont la parution prendra plus de 10 ans
sous le pseudonyme de Richard Bachman.
Hanté par le souvenir des générations de
jeunes américains disparus pendant la guerre du Viêt-Nam, l’histoire partage de
nombreux points communs avec la saga Hunger Games dont, hasard ou coïncidence,
le réalisateur Francis Lawrence a adapté au cinéma l’ensemble des épisodes
depuis le deuxième opus.
Parmi ces convergences, une Amérique dystopique et
fascisante en proie à une crise tellement profonde qu’elle choisit de sacrifier
chaque année une partie de sa jeunesse lors d’un jeu à l’issue fatale sensé
aider la population à retrouver le goût du devoir envers la Nation.
Mais alors
qu’Hunger Games prenait rapidement une dimension politique au-delà de l’arène
où s’affrontent les jeunes combattants dans une lutte à mort, Marche ou crève se
cantonne à un principe aussi simple qu’efficace : une marche, cinquante
participants encadrés par l’armée, pas de ligne d’arrivée, le gagnant est celui
qui reste debout, les autres sont exécutés sans autre forme de procès.
En
choisissant d’illustrer le roman sans développer d’inutiles intrigues
secondaires et de coller au plus prés des marcheurs, à l’exception de quelques
flash-backs expliquant les motivations de Raymond Garraty, Francis Lawrence opte
pour une épure qui aurait pu exacerber la noirceur de son film et en faire l’un
de ces diamants noirs qui hantent longtemps les esprits.
Mais alors que le réalisateur
expose une violence frontale sans concession lors des mises à mort et filme de
manière presque documentaire la fatigue des corps (crampes, diarrhées,
fractures de fatigue, crise d’épilepsie, épuisement extrême avec à chaque fois
la même issue), il met également en scène une joyeuse troupe de copains au sein
de laquelle se nouent des amitiés alors que chaque participants représente pour
les autres un obstacle supplémentaire vers la victoire et un risque accru de
mort.
On a alors l‘impression de suivre une troupe de scouts pétris de bons
sentiments, à l’exception du méchant de service et de quelques profils un peu
louches, dont les deux principaux protagonistes conservent une forme étonnante
après plus de 500 kilomètres parcourus alors qu’autour d’eux les concurrents
zombifiés tombent les uns après les autres. Il en ressort un sentiment bizarre,
entre souffrance et sentimentalisme, violence crue et amitié virile à tendance
gay, et ce n’est pas le cabotinage d’un Mark Hamill constamment dissimulé
derrière ses lunettes teintées qui vient crédibiliser l’ensemble.
Marche ou
crève navigue entre deux eaux, tour à tour battle royal hard boiled et hymne
maladroit à l’entraide. On aurait aimé qu’il choisisse son camp une bonne fois
pour toute et laisse sa sensiblerie maladroite sur le bord du chemin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire