Un Paris futuriste et grisâtre divisé
en zones selon les classes sociales de ses habitants, une présence policière
oppressante secondée par une intelligence artificielle omniprésente, des drones
meurtriers au service d’une justice expéditive, des flics désabusés au passé
trouble.
Tous les ingrédients d’une SF dépressive et inquiète sont au
rendez-vous du nouveau film de Cédric Jimenez adapté du roman éponyme de
Laurent Gaudé. Et conformément à l’adage voulant que c’est dans les vieilles marmites
que l’on fait les meilleures soupes, le réalisateur convoque ses grands
classiques pour un projet d’une ampleur inédite dans le cinéma français.
Un
paysage urbain noyé de pluie (coucou Blade Runner), une technologie avant-gardiste
au service du maintien de l’ordre (coucou Minority Report), on pourrait
dérouler la liste des références incontournables du cinéma de science-fiction
jusqu’à en oublier le projet d’origine.
Car si Chien 51 se révèle un solide
thriller d’anticipation paranoïaque, il reste évident que Cédric Jimenez
demeure plus à l’aise dans les scènes d’action, par ailleurs parfaitement orchestrées,
que dans les interactions entre les personnages souvent traitées au lance
pierre.
Porté par une distribution de luxe visiblement très impliquée dans le
projet, Chien 51 souffre paradoxalement d’une certaine froideur et d’un manque
de sensibilité autour de protagonistes qui auraient pour la plupart mérités
plus d’épaisseur.
Si le film ne marquera pas d’une pierre blanche l’histoire de
la SF, Chien 51 reste un film d’action efficace resserré sur une intrigue
minimaliste, la reconstitution convaincante d’un Paris anxiogène où les
différences de classes se matérialisent par des quartiers aux accès verrouillés
et une réflexion supplémentaire, et peut-être prophétique, des dérives d’une
technologie hors de tout contrôle.
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