Coincé entre la version iconique et un
brin kitch de Richard Donner en 1978 et celle résolument plus sombre du Man of
Steel de Zack Snyder en 2013 (nous passerons sur le Superman Returns de Bryan Singer
en 2006), James Gunn, récemment promu co-PDG des studios DC avait fort à faire
pour livrer sa propre vision du plus célèbre super héros américain et relancer
les personnages DC Comics face à un univers Marvel de plus en plus
tentaculaire.
Mais sortir de l’ornière l’un des groupes de super-héros les
moins connus et charismatiques de l’écurie Marvel, constitués entre autres d’un
raton laveur hargneux et d’un arbre humanoïde au vocabulaire limité n’avait
rien d’une sinécure, et pourtant le résultat est à la hauteur du défi, spectaculaire.
Alors les détracteurs du réalisateur rétifs au ton coloré et décalé des Gardiens
de la Galaxie peuvent passer leur chemin car ce Superman cuvée 2025 est du pur James
Gunn. Les autres vont se régaler.
Dés le premier plan le réalisateur donne le
ton. Le film s’ouvre sur la première défaite du kryptonien face au Marteau de
Boravie et l’introduction de son chien Kypto, aussi joueur qu’incontrôlable.
Car malgré ses incroyables pouvoirs, ce Superman est faillible et c’est bien
cette propension (toute relative) à échouer qui le rend d’autant plus humain et
le détourne du destin imaginé par ses parents biologiques avant la destruction
de leur planète.
Axé sur l’inévitable défense des plus faibles face à des
forces contraires aux valeurs humanistes portées par l’homme d’acier
(capitalisme, armement, manipulation des masses, désinformation et course
effrénée au pouvoir), Superman se démarque avant tout par ce ton unique d’un
réalisateur soucieux de nous offrir le spectacle le plus débridé possible tout
en respectant à la lettre le cahier des charges de l’iconique défenseur de la
veuve et de l’orphelin.
Truffé de clins d’œil à l’univers DC (l’interview
télévisée de Peacemaker), de running gags (le Justice Gang), de personnages
secondaires annonçant un univers élargi (Super Girl compétemment déchirée), le
nouveau film de James Gunn se démarque pour une galerie de personnages tous
plus cool les uns que les autres et parfaitement intégrés au déroulé de l’histoire.
Si l’interprète de Superman incarne à merveille les valeurs portées par le
kryptonien et inculquées par ses parents adoptifs, le héros existe aussi et
surtout grâce à deux pôles contraires, une Loïs Lane ultra convaincante et un
Lex Luthor des plus crédibles dans son délire de domination mondiale.
Mais au-delà
des piques bien senties assénées par le réalisateur (les haters du web
représentés sous forme de singes lobotomisés), le pied de nez ultime pourrait
bien être, dans un monde dominé par le cynisme et l’égocentrisme, d’ériger la
gentillesse et l’altruisme comme degré ultime d’une attitude punk rock depuis longtemps
dévoyée.
Fun, décomplexé, respectueux et bienveillant, ce Superman pourrait
bien être la première pierre d’un édifice solide pour le futur univers DC diablement
prometteur.
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