Révélés en 2023 avec La main, premier long
métrage qui transcendait déjà son statut de film d’horreur pour ado par une
hargne et une noirceur atypique dans ce type de production, les frères Philippou
creusent leur sillon avec une histoire de possession et une réflexion sur le
deuil qui nous emmène vers des contrées jusqu’alors peu explorées.
Après la
mort de leur père, Andy et sa demi-sœur non voyante Piper se voient confier à
Laura, une ancienne psychologue pour enfant, endeuillée par le décès de sa
propre fille noyée quelques années auparavant et dont le comportement va
rapidement dévoiler une personnalité plus complexe qu’elle n’en a l’air.
Dés les premières images en noir et blanc granuleux d’un rite mystérieux, Michael
et Danny Philippou imposent leur vision du film. Dans la droite lignée de La
main, les réalisateurs et scénaristes australiens instaurent un climat de
violence et de malaise qui ira crescendo, jusqu’à une scène d’automutilation du
jeune Oliver qui restera dans les mémoires, et la révélation des véritables
intentions de Laura.
Exploration du phénomène de deuil et véritable film de
genre, Substitution n’a pourtant rien d’avenant. Tournant le dos à toute trace d’humour
ou l’usage des habituels jumpscares, il laisse ses protagonistes à leur sort et
nous place en observateurs presque cliniques des évènements inéluctables et dramatiques
qui vont se jouer sous nos yeux.
En refusant toute explication trop évidente
(pas de secte ou de sorcière en vue) et en déroulant son intrigue autour de
symboles récurrents, (l’eau, le cercle), le film nous laisse seuls au milieu de
cette famille artificiellement recomposée et pourtant en pleine déliquescence,
accentuant d’autant le sentiment de malaise mais confiant en notre capacité d’en
tirer le meilleur parti possible.
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