samedi 12 juillet 2025

Rapaces

Le personnage du journaliste est, au même titre que le policier, une figure récurrente des intrigues centrées sur une enquête. Mais quand on pense investigation on se projette davantage sur les grands reporters que sur les paparazzis ou les salariés des journaux racoleurs comme Détective.

En adoptant ce point de vue atypique, le réalisateur Peter Dourountzis fait le pari de nous immerger dans des territoires jusque-là peu explorés, celui des rédactions que certains qualifieront de seconde zone, et le monde des cibistes gangrené par des mouvances masculinistes bien peu fréquentables.

Le meurtre sauvage d’une jeune fille dans l’Est de la France est le point de départ d’une enquête qui ne dit pas son nom pour Samuel et sa fille Ava, le reporter aguerri qui passe à coté de sa vie et la jeune stagiaire qui cherche à se rapprocher de son père. Efficace dans la peinture de cette équipe de journalistes complétée par Christian, Solveig et Aubin (les toujours excellents Jean-Pierre Darroussin, Valérie Donzelli et Stephan Crepon), le film prend rapidement des allures de road-movie et embrasse tous les genres sans arriver à consolider le tout.

On passe ainsi des turpitudes amoureuses de Samuel à ses relations avec sa fille, d’une enquête policière sur les traces des assassins au monde des cibistes, et du quotidien d’un journal à la découverte d’une groupuscule d’extrême droite. 

Traversé de séquence vraiment réussies, la scène du restaurant et du piège qui se referme peu à peu sur Ava et Christian fait monter la tension de manière diablement efficace, le film de Peter Dourountzis se résume parfois à une série de vignettes aboutissant à un final rapidement expédié. 

Si tous les personnages sont crédibles et bien servis par une distribution exemplaire, le choix de Mallory Wanecque pour incarner Ava s’avère le moins convaincant et dessert les relations qui auraient pu se nouer entre ce père et sa fille à la recherche l’un de l’autre. 

Atypique dans sa volonté d’explorer des milieux interlopes et pétri de bonnes intentions, Rapaces lorgne du coté de la Nuit du 12 sans parvenir à égaler sa dimension universelle. Il n’en reste pas moins un thriller solide qui présage du meilleur pour la suite.

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