dimanche 24 août 2014

Les Gardiens de la Galaxie

Il y a les films qui font tout pour être cool, et ceux qui le sont vraiment. Les Gardiens de la Galaxie appartient définitivement à la seconde catégorie. 
Au commande de cet OVNI sorti de nulle part on retrouve James Gunn, jeune réalisateur issu de l’école Troma qui a réalisé en 2005 Horribilis, sympathique série B d’horreur avec, déjà, un Michael Rooker au meilleur de sa forme.
Inconnus du grand public jusqu’alors, Les Gardiens de la Galaxie font partie de ces centaines de supers héros peuplant l’écurie Marvel sans pour autant faire partie du panthéon des Avengers, X Men et autres Spiderman. Porté par un engouement sans précédent pour les aventures super héroïques, Marvel ressort donc de ses cartons cette bande de mercenaires extra-terrestres et en confie les rênes à un réalisateur prometteur mais (presque) novice dans ce domaine, si l’on excepte une première approche du genre avec Super en 2010. La formule s’avère gagnante, au-delà même de ce que l’on pouvait en attendre. 
A quoi tient le succès Des Gardiens de la Galaxie ? Tout d’abord, les scénaristes ont eu la bonne idée de ne pas se cantonner au film de super héros mais de faire de leur histoire un vrai space opéra. En choisissant de ne pas dérouler leur intrigue sur la Terre, ils font des Gardiens de la Galaxie un film plus proche des Star Wars que des précédentes productions Marvel. De fait, Peter Quill n’est pas sans rappeler Han Solo dans sa manière d’appréhender les choses avec un mélange de nonchalance et de second degré, le bestiaire qui peuple le film semble tout droit sorti de la cantina de Mos Eisley, jusqu’à l’affiche du film qui reprend la composition de celle de la Guerre des Etoiles. 
En se dédouanant des codes propres aux films de super héros, Les Gardiens de la Galaxie acquiert une identité propre et une dynamique essentiellement basée sur la force des personnages. Car c’est l’un des grands atouts du film que de nous proposer toute une série de protagonistes hauts en couleurs, possédant chacun une histoire parfaitement développées et inter agissant intelligemment les uns avec les autres. Aucun des nombreux seconds rôles n’est sacrifié et le personnage de Peter Quill, qui reste central jusqu’à la fin, n’éclipse jamais les autres comme c’est trop souvent le cas dans ce genre de production. 
Très riche visuellement, un peu trop parfois, Les Gardiens de la Galaxie nous propulsent d’un bout à l’autre de l’espace, d’une prison de haute sécurité à l’antre de Thanos en passant par les planètes les plus inhospitalières qui soit. James Gunn maitrise parfaitement les scènes de combat, la première confrontation entre Peter Quill, Rocket, Groot et Gamora étant un modèle de dynamisme et de lisibilité, et alterne avec brio les séquences d’action et d’humour, sans oublier quelques moments émouvants. Généreux, Les Gardiens de la Galaxie réussit le pari d’être impertinent sans être cynique, détournant constamment les scènes clefs des films d’action pour en faire des moments de second degré parfaitement réussis. 
Si l’on peut reprocher au film quelques faiblesses, ce serait au niveau des méchants à tiroirs (Thanos, Ronan, Nebula, Korath), ainsi que quelques boulettes au niveau de la VF (l’allusion de Peter Quill à Jack Sparrow alors qu’il a quitté la terre en 1986 pour ne plus jamais y remettre les pieds). 
Bourré des références (l’apparition d’un invité surprise lors de la séance post générique, la galerie du Collectionneur), assurant une certaine continuité avec les autres films Marvel via le personnage de Thanos qui apparait aussi à la fin des Avengers, Les Gardiens de la Galaxie annoncent clairement une suite vu la réussite du premier épisode, et on ne peut que s’en réjouir.

mercredi 13 août 2014

Colt 45

L’intrusion du réalisateur de Calvaire dans l’univers ultra codifié du polar ne pouvait que susciter au minimum une curiosité légitime doublée d’une forte envie de découvrir ce que ce réalisateur atypique pouvait faire dans ce domaine. 
L’histoire prend place en pleine guerre des polices, un conflit latent opposant deux hommes et deux services. D’un côté le commandant Chavez de la BRB, de l’autre, le commandant Denard de la BRI. Au centre, Vincent Milès, orphelin protégé par les deux hommes, armurier et instructeur de tir à la Police Nationale, et jeune prodige en tir de combat. Sa rencontre avec Milo Cardena, un flic étrange sorti de nulle part, va l’entrainer dans une spirale de violence dont personne ne ressortira indemne. 
A première vue, avec son scénario linéaire, ses personnages taillés à la serpe et son intrigue ramassée sur moins d’une heure trente (un exploit vue la durée moyenne des films actuels), Colt 45 s’apparente à un polar efficace mais classique et balisé. En apparence seulement. Car derrière sa violence sèche et son final cynique, le film s’inscrit dans la continuité des thèmes chers à Fabrice Du Welz. 
En effet, Colt 45 reprend, à quelques détails près, une trame similaire à celle de Calvaire. Un jeune homme innocent et un peu candide (chanteur de variété dans Calvaire ou armurier dans Colt 45) se retrouve plongé dans un monde de violence et de perversion qui va le transformer de façon irréversible. L’univers des deux films est essentiellement masculin, le seul personnage féminin que nos deux héros vont croiser étant amené à disparaitre rapidement, au sens propre ou au sens figuré. Brigitte Lahaie qui symbolise la maitresse dans Calvaire se superposant à Alice Taglioni en mère de substitution dans Colt 45. Car si Calvaire n’était autre qu’une histoire d’amour pervertie et extrême, le thème récurrent de Colt 45 demeure la recherche du père. Un père par défaut symbolisé tour à tour par les personnages de Gérard Lanvin et Simon Abkarian, voire même de Joey Starr. Un père qu’il faudra tuer inconsciemment pour accéder au monde adulte et renaitre sous une autre forme. Et de fait, le personnage interprété par l’excellent Ymanol Perset est physiquement et psychologiquement différent au début et à la fin du film. 
Fabrice Du Welz réussi donc à livrer un film d’action efficace en s’entourant d’une solide distribution. Du trop rare Simon Abkarian aux inoxydables Philippe Nahon et Jo Prestia, le réalisateur sait comme personne peupler ses films de vrais gueules et donner corps à des personnages dotés de véritables personnalités. Collant au plus près à la réalité du terrain (les assauts sont orchestrés par la BRI, les hommes de la BRB n’intervenant qu’après, la solidarité ou les rivalités entre les différents services), filmant des personnages qui sont loin d’être binaires (le commandant Chavez préfère fuir devant les hommes de Denard plutôt que de provoquer une autre bavure), Fabrice Du Welz réussit son intrusion dans un genre qu’il n’avait jusque-là jamais abordé sans pour autant se renier.

jeudi 31 juillet 2014

La Planète des singes : l’affrontement

Il est toujours extrêmement désagréable d’être pris pour un imbécile, surtout quand on paye pour cela. C’est à peu près ce qui arrive aux spectateurs du nouveau film de Matt Reeves, déjà responsable d’un très surestimé Cloverfield. 
Le film débute sous les meilleurs hospices par une séquence quasiment muette d’une dizaine de minutes. Nous y découvrons la vie d’une communauté de singes après qu’un virus ait décimé une bonne partie de l’espèce humaine. D’une chasse épique à des relations sociales en devenir, on se croirait revenu aux premiers pas de l’Humanité des milliers d’années en arrière. Jusqu’à ce que surgisse des hommes justement, et une femme. A partir de là, le film prend l’eau de toutes parts pour ne jamais s’en relever.
 Qu’est ce qui cloche dans un blockbuster comme La Planète des singes ? Tâchons d’y voir plus clair. 
Commençons par la caractérisation des personnages. Le héros Malcolm, volontaire comme un scout (Malcolm va dans le village des singes, Malcolm va chercher des médicaments, Malcolm aide les singes à s’échapper,..) est entouré de son fils, un adolescent tardif renfermé sur lui-même qui ne communique qu’à travers ses dessins (autant dire que l’on n’a jamais vu cela ailleurs) et sa copine qui passe son temps à s’inquiéter pour lui, à essayer de sympathiser avec son fils et qui tient aussi lieu d’infirmière, soit un condensé de tous les clichés féminins tendance maternelle au cinéma. Comme dans chaque camp il y a des bons et des gentils, le méchant coté homme est vraiment un « sale con » (dixit dans le film) qui passe son temps à braquer les singes, tandis que le méchant singe a une balafre en plein visage, un œil crevé et des dents pointus. Comme cela, si un spectateur un peu discret ou endormi perd le fil de l’histoire, il est sur de différencier le grain de l’ivraie au premier coup d’œil. 
 Continuons par l’interprétation. Jason Clarke est d’une fadeur rarement vue à l’écran, bien entouré par ses compagnons qui récitent tous des dialogues vides de sens sans vraiment y croire. Le seul à tirer un peu son épingle du jeu est Gary Oldman dont le personnage, dont on ne comprend jamais vraiment les motivations, finit par lâcher un très douteux « tirez sur eux, ce ne sont pas des personnes » ! 
 L’histoire entend véhiculer des messages de tolérance et d’humanité mais elle le fait avec tant de lourdeur et de didactisme que cela en devient insupportable. Les dialogues sont à l’avenant d’un scénario qui cumule tous les poncifs du genre sans jamais s’embêter de la moindre crédibilité Passons sur le fait que les singes maitrisent le feu et le langage en quelques années et le maniement des armes à feu (fusil d’assaut et mitrailleuses lourdes) en quelques heures. Citons trois exemples (à ce niveau-là je ne parlerai pas de spoilers tellement les situations se devinent dix minutes à l’avance). 
La première fois que Malcom va dans le village des singes, il est poussé et trainé dans la boue avant d’échouer sur la place principale devant César. La deuxième fois, ce dernier est au chevet de sa femme (femelle ?) malade. On devine tout de suite que nos héros vont gagner sa confiance en la sauvant, ce qui ne loupe pas. Alors qu’il a été banni, Malcom se voit gentiment conduire dans la demeure même de César, alors qu’il n’aurait même pas dû franchir l’entrée du village. 
Deuxième exemple, lors de l’attaque des singes et de l’infiltration de Malcom, ce dernier se retrouve nez à nez avec l’un deux. Il y a peut-être deux cents singes en furie dans la tour, mais c’est devant le fils de César qu’il tombe, ce qui tombe bien pour la suite du scénario. 
Dernière scène aberrante, Malcom, toujours lui, au pied de la tour et entouré par des kilos d’explosifs C4 que Dreyfus s’apprête à faire exploser. Un petit saut de côté au moment de l’explosion et de la chute de tonnes de béton et de ferraille et le voici qui ressurgit quelques minutes plus tard comme si de rien n’était. 
A ce niveau-là ce n’est plus de la paresse scénaristique, c’est du mépris pur et simple envers le spectateur. Les producteurs et le réalisateur ont tout misé sur les singes, et La Planète des singes : l’affrontement est en effet une magnifique vitrine pour le travail incroyable réalisé par les équipes de Weta Digital. Mais un film est avant tout une histoire et des personnages auxquels on croit. Ici rien de tout cela, seule la scène inaugurale et le plan final sont à sauver. En fin de compte, il aurait été beaucoup plus intéressant d’évacuer toute présence humaine et de se concentrer uniquement sur les singes puisque tout le reste a été bâclé.

mardi 29 juillet 2014

The Raid 2

En 2011, Gareth Evans redéfinissait les contours du film d’action avec les bastons énervées et sauvages de The Raid. Trois ans plus tard, il n’a d’autres choix que de mettre la barre encore plus haut pour sa suite. Ce qu’il fait, sans pour cela trahir l’esprit de son premier acte, bien au contraire. 
Commençons par ce qui fâche, Gareth Evans est meilleur réalisateur que scénariste. Animé des meilleures intentions et ne voulant pas se cantonner à un pur film d’action, le gallois nous livre deux heures trente de ce qu’il imagine comme une saga criminelle lorgnant du côté du Parrain. Sauf que dès les premières minutes du film le spectateur ne retrouve pas ses petits entre les multiples personnages et les intrigues qui partent dans tous les sens. Il s’ensuit deux heures trente d’une histoire cousue de fil blanc au sein de laquelle on perd tout intérêt pour ce qui arrive au héros lui-même. Gareth Evans n’a clairement pas les moyens de ses ambitions scénaristiques et c’est bien dommage. Car passée cette scorie, il nous offre un spectacle tout simplement inouï et jusque-là inégalé en termes de combats et d’action pure. 
Alors que The Raid calquait sa structure narrative sur le jeu vidéo avec sa construction en niveaux et ses boss qu’il faut vaincre pour passer d’un étage à l’autre, The Raid 2 s’apparente quant à lui aux GTA et leurs mondes complètement ouverts. Quand on a compris que le déroulement de l’intrigue n’était pas le plus important, on prend un plaisir fou car, outre ses qualité de réalisateur et le soin qu’il apporte à ses décors et à sa photographie (on pense parfois à Only God Forgives de Nicolas Winding Refn), Gareth Evans apporte un soin tout particulier à ses personnages secondaires. 
A l’instar d’un Quentin Tarantino à l’apogée de son talent à l’époque de Kill Bill, et qui déjà puisait son inspiration dans l’univers des mangas, le réalisateur créé des personnages iconiques que l’on n’est pas prêt d’oublier. Hammer Girl, l’Homme à la batte de base ball et le l’Assassin, en plus de nous offrir les plus beaux combats d’un film qui en compte des dizaines, ne se contentent pas d’être des hommes (et femme) de main parmi d’autres. En quelques plans le réalisateur les fait exister (les relations entre Hammer Girl et l’Homme à la batte de base ball par exemple), leur prête des sentiments et les rend plus vivants que le pauvre Rama qui traverse le film en rendant coup pour coup. 
Citer les innombrables scènes d’anthologie ne suffirait pas à rendre justice au formidable travail des caméramans et des cascadeurs qui entourent Gareth Evans. Que ce soit la bataille rangée dans la prison, la poursuite automobile ou le combat dans la cuisine, on n’en finit pas d’écarquiller les yeux devant autant de générosité et de maitrise. Car oui, Gareth Evans maitrise sa caméra et son propos.
Assumant l’usage du gore et une violence décomplexée (il faut voir les chargeurs se vider en pleine tête à bout portant, ou le combat dans les cuisines du restaurant pour comprendre), ne versant pas dans la facilité d’un montage cut pour masquer la faiblesse des combats ou dans un humour potache pour désamorcer une violence que l’on n’assume plus (Expendables forever), le gallois fait le film qu’il veut envers et contre tout. Car on imagine que sortir un film de deux heures trente interdit aux moins de seize ans n’a pas dû être une partie de plaisir. Et quand on voit sur le net une scène coupée d’anthologie qui explore encore un peu plus la sauvagerie de l’affrontement entre les deux bandes rivales, on se dit que le garçon en a encore sous la pédale. 
Que Gareth Evans embauche un scénariste digne de ce nom et il sera le roi du monde. Quant au troisième épisode, je n’ose même pas imaginer ce qu’il nous réserve.

mercredi 9 juillet 2014

Dragons 2

En 2010, Dragons des studios DreamWorks créait la surprise par le brio de sa réalisation virevoltante, des personnages solidement caractérisés et attachants, ainsi qu’un scénario adulte ne reculant devant aucune concession pour asseoir son propos (voir l’état dans lequel Harold se retrouve à la fin). Le succès aidant, une suite est mise en chantier pour aboutir à ce Dragons 2 quatre ans après. Porté par l’aura du premier opus mais ne bénéficiant plus de l’effet de surprise, le réalisateur Dean DeBlois se retrouve seul, son comparse Chris Sanders ayant quitté le navire. Cette suite tient-elle toute ses promesses ? 
Plus que jamais, le parallèle entre les dragons qui vivent désormais en parfaite harmonie avec les vikings, et ces derniers est évidente, peut-être trop. Alors que dans le premier épisode Harold parvenait à apprivoiser un jeune dragon estropié avant de se voir lui-même amputé d’un pied, les analogies entre les humains et les dragons sont ici encore plus frappantes et viennent appuyer des thèmes classiques des films d’animation. 
(Attention SPOILERS) 
Ainsi, la mort du dragon Alpha ne vient qu’annoncer celle du père d’Harold. De même, Krokmou s’impose comme le nouveau roi des dragons au moment même où Harold accepte enfin son rôle de chef. Le propos, effleuré dans le premier épisode devient ici un peu plus accentué. De même, alors que dans lors de leur première rencontre, Harold et Krokmou vivaient des aventures assez linéaires, on assiste ici à une abondance de péripéties (la mère d’Harold, Drago) et un thème principal qui est le passage d’Harold du monde de l’enfance à l’âge adulte. Pour cela, il doit prendre la place de son père au moment même où sa mère disparue depuis des années ressurgie du passé (le complexe œdipien affleure), et à l’image de Krokmou, affronter de nombreuses épreuves afin d’accéder au statut de chef et surtout de s’accepter en tant que tel. 
(Fin des SPOILERS) 
La réalisation est toujours aussi fluide, le placement de la caméra et les angles de prises de vue (si l’on peut parler ainsi pour un film d’animation) sont toujours aussi pertinents, particulièrement pendant les scènes de vols qui sont d’une beauté époustouflantes. 
S’il ne renie pas ses influences, Dean DeBlois cite ouvertement Avatar quand on découvre l’antre des dragons menés par Valka, et va chercher du côté de chez Guillermo del Toro (d’ailleurs remercié dans le générique de fin) et son Pacific Rim pour l’aspect du Leviathan. On pense aussi aux peintures de Segrelles lors de la première apparition d’Harold casqué et harnaché, comme le Mercenaire du dessinateur espagnol sur son propre dragon. 
Techniquement toujours aussi bon, un peu en dessous de son modèle original pour ce qui est du scénario, Dragons 2 reste un film d’animation bien au-dessus de la moyenne qui ouvre la porte sur une inévitable suite.

lundi 7 juillet 2014

Big Bad Wolves

Prenons une louche de Prisoners pour le thème principal, une pincée de Fargo pour l’humour grinçant et des personnages aussi bêtes que dangereux, et un soupçon de Reservoir Dogs pour le huit clos et les scènes de torture. Accommodons le tout à la sauce israélienne et nous obtenons Big Bad Wolves, le film de l’année (dernière) pour Quentin Tarantino. 
Si cette caution apporte une publicité bienvenue au film, elle peut vite devenir écrasante, suscitant des espoirs qui, hélas, ne seront pas comblés. Car si Big Bad Wolves est certes une comédie très noire traversée par des scènes frappantes (la lecture des sévices infligées aux gamines est sérieusement gratinée) et des idées ingénieuses (la place de la caméra lors de la découverte du corps de la petite fille par exemple), on peut se demander si le film aurait trouvé les portes d’une distribution nationale sans l’adoubement d’un Tarantino que l’on a connu plus inspiré dans ses choix. 
Le scénario, assez malin mais néanmoins prévisible, utilise à répétition le même gimmick (le téléphone qui sonne au milieu d’un scène de tenson), ressasse des clichés un peu usés (la mère juive), et n’ose pas aller au bout d’un discours un tant soit peu politique avec le personnage de l’arabe traversant le film sur son cheval sans bien savoir ce qu’il fait là. Certains ont vus dans le film une critique de la société israélienne et de la paranoïa dans laquelle elle s’enferme un peu plus chaque jour. 
(Attention SPOILERS) Si cette société est incarnée par les personnages des tortionnaires, force est de constater que les réalisateurs ne font qu’enfoncer le clou puisque, aussi discutables que puissent être leurs méthodes, on découvre à la fin qu’ils ont raison (Fin du SPOILERS). 
Ne cherchons donc pas de message là où il n’y en a pas. Big Bad Wolves se montre suffisamment féroce et ne recule devant aucun excès pour susciter la sympathie. Passons quelques erreurs (le professeur ressort quasiment indemne de son premier passage à tabac pourtant méchant), des lourdeurs répétitives et un scénario tortueux qui ballade le spectateur pour au final l’emmener vers une fin pas aussi surprenante que cela. 
N’en déplaise à Quentin Tarantino, Big Bad Wolves n’est pas, et de loin, le film de l’année mais reste néanmoins une comédie d’une noirceur peu commune qui fera surement grincer quelques dents.

jeudi 12 juin 2014

Edge of Tomorrow

Après la mauvaise surprise que fut Oblivion, on ne pouvait qu’être septique devant la nouvelle incursion de Tom Cruise dans la science-fiction. A tort. Car Edge Of Tomorrow, s’il reste un spectacle relativement aseptisé, remplit toutes ses promesses. 
Pompant allégrement le concept d’Un jour sans fin, l’histoire suit le parcours du commandant William Cage qui, pris dans une boucle temporelle, ne cesse de revivre encore et toujours la même journée. Sauf que les marmottes du film d’Harold Ramis sont ici remplacées par des aliens belliqueux bien décidés à envahir la Terre, et que pour recommencer sa journée à zéro, William Cage doit mourir. 
Fort de ce principe audacieux, le film déroule un scénario qui aurait pu sombrer dans la répétition ou tourner en rond. Il n’en est rien et c’est tout à l’honneur du réalisateur que de mettre en scène intelligemment une histoire pour le moins alambiquée et truffée de chausses trappes. Parfaitement maitrisé d’un point de vue scénaristique et porté par une interprétation sans faille, Emily Blunt et Tom Cruise en tête, Edge Of Tomorrow va chercher ses références dans de glorieux modèles tels que Aliens pour les exo squelettes, Starship Troopers ou Gears of War pour l’aspect belliqueux et guerrier. 
Si le film n’est pas exempt de quelques défauts comme l’aspect un peu trop lisse des aliens réalisés en images de synthèse et un bon quart d’heure de trop, Edge Of Tomorrow illustre à merveille le concept de la boucle temporel, jusqu’à un dénouement heureux qui pour une fois est en cohérence avec le reste de l’histoire. Tordu mais limpide dans sa narration, nerveux et fun avec des pointes d’humour bienvenues, porté par Tom Cruise sans autant être un véhicule à la gloire de la star, Edge Of Tomorrow est un spectacle total, un poil trop long mais diablement réjouissant.