Il était une fois. En prenant comme
matériau de base le conte de fée, en l’occurrence Cendrillon, pour, non pas le dévoyer,
car ces histoires enfantines transmises de générations en générations
comportent déjà en leur sein leur lot de perversions, mais en pousser les
curseurs à fond, la réalisatrice norvégienne Emilie Blichfeldt s’offre par la
même occasion une critique à boulet rouge des diktats de la beauté à tout prix
et une comédie bien barrée nourrie d’influences revendiquées.
Et les clins d’œil
pullulent dans ce body horror dont le genre redevient à la mode depuis The Substance
de Coralie Fargeat.
La plus évidente est bien entendu David Cronenberg à qui Emilie
Blichfeldt paie son tribut en nommant l’un des invités au bal du prince du même
patronyme et en revêtant le chirurgien et de ses infirmières d’uniformes qui renvoient
directement à celui des jumeaux de Faux Semblants.
En affichant une fascination
morbide pour les sécrétions corporelles dans tout ce qu’elles ont de plus crues
(du sperme d’un prétendant au pue d’un bouton percé) et les mutilations les
plus variées (le calvaire psychologique enduré par la belle Agnès est une
promenade de santé par rapport au chemin de croix physique supporté par Elvira),
la réalisatrice fait preuve d’une radicalité implacable envers ses personnages tous
plus tordus ou dépravés les uns que les autres.
Volontairement outrancier mais
jamais gratuit, The Ugly Stepsister déboule sur nos écrans comme une boule
puante lâchée en pleine réception mondaine à la manière d’un Shrek sous
amphétamine, malaisant, provocateur, excessif mais jubilatoire.