dimanche 6 juillet 2025

The Ugly Stepsister

Il était une fois. En prenant comme matériau de base le conte de fée, en l’occurrence Cendrillon, pour, non pas le dévoyer, car ces histoires enfantines transmises de générations en générations comportent déjà en leur sein leur lot de perversions, mais en pousser les curseurs à fond, la réalisatrice norvégienne Emilie Blichfeldt s’offre par la même occasion une critique à boulet rouge des diktats de la beauté à tout prix et une comédie bien barrée nourrie d’influences revendiquées. 
Et les clins d’œil pullulent dans ce body horror dont le genre redevient à la mode depuis The Substance de Coralie Fargeat. 
La plus évidente est bien entendu David Cronenberg à qui Emilie Blichfeldt paie son tribut en nommant l’un des invités au bal du prince du même patronyme et en revêtant le chirurgien et de ses infirmières d’uniformes qui renvoient directement à celui des jumeaux de Faux Semblants. 
En affichant une fascination morbide pour les sécrétions corporelles dans tout ce qu’elles ont de plus crues (du sperme d’un prétendant au pue d’un bouton percé) et les mutilations les plus variées (le calvaire psychologique enduré par la belle Agnès est une promenade de santé par rapport au chemin de croix physique supporté par Elvira), la réalisatrice fait preuve d’une radicalité implacable envers ses personnages tous plus tordus ou dépravés les uns que les autres. 
Volontairement outrancier mais jamais gratuit, The Ugly Stepsister déboule sur nos écrans comme une boule puante lâchée en pleine réception mondaine à la manière d’un Shrek sous amphétamine, malaisant, provocateur, excessif mais jubilatoire.