Sauf que le nouveau film de Just Philippot passe complètement à coté de son sujet et sombre dans un maniérisme qui concentre presque tous les travers du cinéma français.
Dés les premières scènes et l’introduction des principaux protagonistes, les personnages se révèlent rapidement insupportables. Guillaume Canet marche sur les plates-bandes de Vincent Lindon en incarnant un syndicaliste violent et radical dont la ligne de front se résume à considérer que tous les nantis sont des cons. Voilà pour le volet social. Son épouse Elise se raccroche à son frère pour résoudre ses moindres problèmes, et sa fille Selma assure le quota de l’adolescente révoltée.
Mais au-delà de la caractérisation pour le moins discutable des personnages (on ne se saura rien de Michal si ce n’est son aversion envers les riches, ou considérés comme tels), l’autre problème du film tient à son interprétation et à la direction des acteurs. Si Guillaume Canet tire son épingle du jeu, on reste dubitatif devant les prestations de Laetitia Dosch et Patience Munchenbach qui semblent sortir tout droit du cours Florent et tirent jusqu’à la caricature les sautes d’humeur de leurs personnages.
Ajoutons à cela des comportements incompréhensibles (la fuite de Selma à travers champs, ses récriminations à l’encontre de son père) et il ne reste d’Acide que quelques plans de toutes beautés et une ou deux scènes vraiment réussies. Suffisamment pour nous laisser entrevoir ce qu’aurait pu être le film, miroir à peine déformant d’une réalité de plus en plus angoissante.
Il n'en reste que la chronique ampoulée d’une famille au bord du gouffre mêlant pathos et petite touche sociale avec pour toile de fond une nature meurtrière qui reste ce que le film a de mieux à nous offrir. Mieux vaut revoir La Tour de Guillaume Nicloux sorti l’année dernière pour se convaincre qu’en France aussi on sait faire des films de genre radicaux et sans concession.
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