Harper sort d’une relation pour le moins traumatisante avec son défunt mari et décide de s’isoler dans un cottage perdu en pleine campagne. En arrivant, elle croque une pomme cueillie dans le verger et permet au mal (au mâle ?) de s’immiscer dans ce qui devait être son jardin d’Eden. Car oui, le nouveau film d’Alex Garland est truffé de références religieuses et de symboles païens comme autant de balises disposées çà et là pour accompagner le spectateur le long d’un voyage éprouvant et pour le moins cryptique.
Men peut s’interpréter comme une fable sur la domination toxique des hommes envers les femmes autant qu’un voyage dans la psyché torturée d’une héroïne qui sombre inéluctablement dans la folie. Les hommes que croise Harper, d’ailleurs tous interprétés par le même acteur, sont autant de menaces plus ou moins explicites alors que les seuls personnages sur lesquels elle peut compter (l’officier de police et sa meilleurs amie) sont des femmes. Ces hommes revêtus d’une autorité religieuse, policière ou entités quasi surnaturelles vont d’ailleurs finir par s’absoudre de la dernière prérogative des femmes, la maternité, pour enfanter eux même leur propre descendance, toujours plus toxique, toujours plus agressive. Et que dire de ce long tunnel obscur au bout duquel pointe une menace diffuse sinon qu’il renvoie directement à l’inconscient d’une jeune femme traumatisée à vie.
Tour à tour inquiétant, franchement effrayant et toujours sujet à de multiples interprétation, Men donne matière à réfléchir et renvoie dos à dos des générations d’hommes dominateurs et de femmes humiliées dont la délivrance se fera forcément dans la douleur.
Ce qui pourrait n’être qu’un pamphlet féministe de bas étage devient au contraire un film envoutant à l’atmosphère trouble, en équilibre constant entre rêve et réalité, folie et conte, onirisme et monstruosité, dont les hommes ne sortent pas grandis.
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