Limpide et gentiment taquin envers la Warner dans sa première partie, le discours désenchanté de la réalisatrice envers l’industrie du divertissement actuel se pare ensuite des atours de ce qu’elle vient justement de dénoncer (on reprend les mêmes ingrédients et on rallonge la sauce) pour nous jeter à la figure un état des lieux amer de notre condition de spectateurs.
Car si Thomas Anderson peut se voir comme l’incarnation de l’artiste aux prises avec des considérations mercantiles qui le dépassent, la nouvelle figure de l’agent Smith pourrait incarner cette même industrie pourvoyeuse de suites et de remakes à une foule de consommateurs dociles et décérébrés. La multitude des bots se jetant des immeubles sur Néo et ses comparses est à ce point suffisamment explicite pour incarner cet aveuglement mercantile par ailleurs encouragé par le système (la Matrice ?).
Et c’est là qu’ironiquement Lana Wachowski se prend les pieds dans le tapis en livrant un épilogue maladroit et formellement sans commune mesure avec la maestria du premier opus. L’absence de Yuen Woo-ping pour chorégraphier les combats se fait cruellement sentir et malgré une scène post générique désabusée comme ultime pied de nez, on ne peut que se sentir diviser devant cette Résurrection, maline et lucide dans son propos méta mais résolument décevante lorsqu’elle embrasse son histoire à bras le corps.
La mythologie Matrix est elle à ce point achevée que même sa créatrice ne peut en tirer qu’une redite en termes de conclusion ? Il est des fantômes qu’il vaut mieux laisser dormir et des virus informatiques qu’il est préférable de ne pas réveiller.
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