John Wick aurait pu se contenter d’être un actionner un peu plus bourrin que la moyenne à l’image des Equalizer et Jack Reacher sortis en même temps. Un plaisir primaire faisant appel à notre fascination pour la violence emballée dans de belles images et des cascades toujours plus incroyables à l’image de ce qu’est devenu la franchise Mission Impossible. Mais la saga John Wick accède à un statu à part pour une raison toute simple, cette volonté d’ancrer les films dans une mythologie patchwork façonnée à partir d’éléments aussi disparates qu’habilement agencés pour former un univers parallèle où tout ou presque peut arriver.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le réalisateur Chad Stahelski fut doublure de Keanu Reeves puis coordinateur des cascades sur Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, il a su puiser chez les frères frères Wachowski cette propention à créer des univers extrêmement visuels en allant puiser à l’essence même de l’imaginaire populaire.
Ainsi, John Wick évolue t-il dans un monde essentiellement urbain noyé par une pluie perpétuelle avec un soin particulier apporté aux décors et aux costumes des différents protagonistes. La Grande Table autour de laquelle tourne l’intrigue de ce troisième opus peut se voir comme une version alternative de la Table Ronde autour de laquelle siège, non pas de preux chevaliers mais des tueurs de toutes nationalités experts dans leurs domaines, la mort. Et en matière de mise à mort, John Wick fait preuve d’une originalité incroyable, utilisant tous les éléments à sa portée pour se défendre (livre, cheval, armes blanches, armes à feu, tout y passe) sans pour autant sombrer dans l’invraisemblance cartoonesque. Car aussi incroyables que soient les combats ou les cascades, le réalisateur, lui-même ancien cascadeur, apporte un soin tout particulier à ses chorégraphies qui repoussent les limites jusque là imposées par le cinéma coréen (The Raid et consort).
Adoptant une structure narrative inspirée des jeux vidéos avec ses zones de repos (les hôtels Continental), ses tirs à la tête pour défaire un adversaire, ses ennemis upgradés avec des blindages inédit et l’ascension final des étages pour atteindre le boss final (Mark Dacascos), John Wick continue de bâtir une saga unique en son genre, un monde où la chair constitue le langage principal, quelle soit déchirée par les balles ou les lames, tatouée ou scarifiée. Et c’est l’un des points les plus intéressants du film que cette fascination pour les mutilations porteuses de sens.
John Wick se voit en effet brulé par une croix chauffée à blanc, se tranche un doigt et signe un médaillon avec son sang pour entériner des promesses passées ou futures, dans la plus grande tradition des triades japonaises ou des mafia russes. Point d’explosions ou de destruction de masse dans John Wick Parabellum, mais des monceaux de cadavres et des mutilations à la pelle, comme si la matière première principale du film, son moteur était encore et toujours la chair comme élément premier du langage.
On pourrait disserter à l’infini sur les influences cinématographique de la saga, la qualité de son casting ou sa scénographie martiale absolument incroyable. On peut aussi y prendre un plaisir immédiat déculpabilisé par la richesse d’un film infiniment plus complexe qu’il ne veut bien le laisser paraitre.
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